C'est la problématique des drones Reaper, qui utilisent également la bande Ku. Lors des opérations effectuées en Somalie il y a deux ans, les Américains ont utilisé un satellite chinois relais pour leurs drones parce qu'il n'y avait pas de bande Ku commerciale disponible – les médias l'utilisaient totalement. Aujourd'hui, les gros opérateurs médiatiques du monde entier, essentiellement américains, réservent toute la bande passante en Ku lorsqu'ont lieu des événements importants, afin d'être sûrs de pouvoir envoyer leurs reportages au journal du soir. Il est difficile d'entrer en concurrence avec eux, car ils ont des accords privilégiés avec les opérateurs par satellite, auxquels ils recourent en permanence. La meilleure façon pour nous de nous positionner sur ce créneau est d'utiliser la bande Ka et, pour cela, nous devons travailler avec les Américains afin de modifier les Reaper en les équipant d'antennes de bande Ka.
La modernisation de GRAVES est une question importante. La fin de vie de ce système entré en service en 2005 est programmée pour 2025. La LPM 2014-2019 prévoit le traitement des obsolescences, qui aura pour objet de permettre que GRAVES reste opérationnel jusqu'en 2025. Dans le cadre de la prochaine LPM, il va falloir se demander si on modernise GRAVES ou si on passe à un système beaucoup plus performant. Nous n'avons pas encore procédé à l'analyse physico-financière qui constituera la clé de la réponse. GRAVES ne surveille que les orbites basses et le seul système radar allant actuellement jusqu'à l'orbite géostationnaire sera américain : il s'agit du Space Fence, qui devrait être opérationnel en 2018. Nous disposons d'une base de données nationale de 3 000 objets en orbite entre 400 et 1 000 km d'altitude – les objets de plus d'un mètre carré de surface équivalente radar détectés par GRAVES – étant précisé que 900 objets seulement sont actifs. Actuellement, grâce au système Space Surveillance Network, qui détecte des objets de l'ordre de 30 centimètres, les Américains disposent pour leur part d'une base de données de 23 000 objets, qu'ils partagent avec nous. Ils estiment que le système dont ils seront dotés à partir de 2018 fera passer leur base de données à plus de 100 000 objets.