Je suis délégué syndical central SNCOA CFE – CGC AGRO au sein du groupe Bigard-Charal-Socopa. Je travaille sur le site d'Évron, dans la Mayenne, depuis trente-huit ans. Notre entreprise est spécialisée dans l'abattage, la découpe et le désossage de porcs charcutiers. Nous abattons 26 000 porcs par semaine, dont 25 500 sont découpés et 500 vendus en carcasses. Je suis responsable de production en première transformation : je m'occupe de la gestion de la porcherie, du hall d'abattage, du cinquième quartier et de la gestion des carcasses. Ce secteur compte 180 personnes, pour un site de 950 personnes.
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec les propos que vient de tenir Michel Le Goff. Je suis responsable de la protection animale depuis le 24 septembre 2013. Notre site compte quatre RPA, afin de couvrir l'amplitude horaire. Vingt-six personnes ont par ailleurs été formées bien-être animal (BEA), dont sept chauffeurs même si cette formation n'est pas obligatoire pour eux puisqu'ils ont déjà, en tant que « chauffeurs vifs », leur certificat d'aptitude professionnelle au transport d'animaux (CAPTAV). De plus, une équipe de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP), composée de vingt-deux personnes, dont deux vétérinaires et un technicien, est présente en permanence à la porcherie. Je vous remettrai le manuel bien-être animal spécifique à Évron ainsi que deux rapports d'auditions surprises effectuées par l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA) le 19 juin 2007, le 20 mars 2012 et le 4 mars 2015. Leurs conclusions soulignent de manière positive notre façon de travailler tout en respectant les règles de protection animale.
Suite aux reportages diffusés dernièrement dans les médias – je soupçonne pour ma part le dernier d'être un scénario truqué, car travailler cagoulé dans une ambiance telle que celle de la porcherie me paraît un comportement assez douteux – je veux souligner le mal-être qu'en ont ressenti les RPA et les personnes ayant passé le BEA. De grandes interrogations se posent, d'une part sur le devenir du noble métier des salariés de la production, d'autre part sur celui des entreprises agroalimentaires qui voient leurs commandes de viande diminuer.