Monsieur le président, votre dernière question démontre que le lanceur d'alerte est un point central de votre commission. Comme l'a dit M. Le Goff, il faut garder à l'esprit l'existence de ce lien de subordination entre l'employeur et le salarié. Nous avons parlé de protection. Il existe des comités d'hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) dans les entreprises d'une certaine taille – dans les entreprises plus petites, ce sont les délégués du personnel qui jouent ce rôle. Pourquoi ne pas désigner le lanceur d'alerte parmi ses membres, puisqu'ils jouissent déjà d'une protection, donc d'une liberté de langage et d'une liberté d'action, certes relative, mais réelle ? Nous sommes très attachés à la liberté de parole du lanceur d'alerte. Si les entreprises désignent un référent ou un lanceur d'alerte, celui-ci doit être protégé d'une façon ou d'une autre.
J'en viens la formation. Je vous résume très rapidement quel a été mon parcours : avant d'être à la fédération, j'ai travaillé pendant vingt-neuf ans, de 1976 à 2005, dans un outil d'abattage en Normandie, qui appartenait à la Socopa, désormais intégrée dans le groupe Bigard. Je n'étais pas à la production proprement dite, mais dans un service administratif de gestion étroitement liée à la production ; et lorsque j'ai pris des responsabilités en tant que représentant du personnel, j'ai pu aller voir en toute liberté ce qui se passait dans l'ensemble des ateliers, et notamment au poste d'abattage. Même si cela fait un peu plus de onze ans que je suis à la fédération, je ne pense pas avoir un regard uniquement parisien, si vous me permettez l'expression, de ce qui se passe. Il n'y a pas si longtemps, j'ai visité les sites de Socopa Évron et de Bigard Castres. Je vois ce qui se passe au quotidien dans les outils d'abattage.
J'ai connu une époque où la formation des encadrants était axée uniquement sur le résultat économique. On leur expliquait qu'ils ne seraient appréciés que par rapport à cet élément. Depuis, les choses ont évolué. Leur formation porte désormais de plus en plus sur la gestion du personnel, sur la façon de gérer les ressources humaines. L'évolution de la société nous incite peut-être à intégrer un vrai module de formation sur le bien-être animal. Nous avons mis en place une politique de formation avec les certificats de qualification professionnelle (CQP) reconnus au registre national des certifications professionnelles (RNCP). Peut-être serait-il utile de revoir les référentiels de formation et d'y inclure un vrai volet bien-être animal, en travaillant avec tous les services liés à l'alimentation, les services vétérinaires par exemple.