La question que je vous pose me vient de l'expérience que le rapporteur Jean-Yves Caullet et moi-même avons eue lors de notre visite à l'abattoir d'Autun. Nous avons pu apercevoir des défaillances, en termes d'équipements, de structures, en particulier sur l'amenée des animaux. On a vu à quel point cela mettait en grande difficulté les salariés qui faisaient pourtant le maximum. Ils se retrouvaient dans des situations infernales à devoir rattraper les cochons et les moutons qui passaient par-dessus les barrières. L'outil de contention n'étant pas adapté, ils se retrouvaient face à un mouton qui bougeait la tête en permanence et il leur était très difficile de bien placer la pince à électronarcose. On a pu constater qu'un matériel inadapté pouvait entraîner des conditions de travail absolument épouvantables.
On a vu par ailleurs que les animaux pouvaient arriver à l'abattoir blessés – vous avez parlé d'hématomes, mais cela pouvait être pire – et particulièrement stressés. Il était évident que les animaux arrivaient totalement stressés au moment de l'étourdissement. Je n'oserai pas utiliser le terme de « maltraitance » car nous n'avons pas vu de maltraitance, mais du mal-être animal. Mais ce n'était pas de la faute des opérateurs qui, du reste, étaient jeunes, ce qui nous a fait comprendre la difficulté physique de ce métier.
Nous avons demandé à l'opérateur chargé de la saignée s'il y avait un turn over dans l'entreprise. Il nous a répondu que pour sa part il ne le souhaitait pas, qu'il voulait rester à ce poste. Une telle attitude est-elle fréquente ? Y a-t-il une obligation de turn over ? On imagine bien que passer toute sa carrière au poste de saignée doit finir par avoir des conséquences, au niveau tant psychologique que physique.