Intervention de Roger Perret

Réunion du 26 mai 2016 à 9h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Roger Perret, secrétaire de la FNAF-CGT :

Au cours de ma carrière, j'ai eu à m'occuper d'autres secteurs de l'alimentation. Les problèmes d'image, ou de ce qui était répercuté dans la société, conduisaient un certain nombre de citoyens à s'interroger sur la façon dont les produits étaient fabriqués. Aujourd'hui, le problème essentiel est que l'entreprise est un monde extrêmement fermé. Disposer de la parole n'est pas si simple. Du coup, ce sont des citoyens extérieurs à l'entreprise qui soulèvent les problèmes. J'en veux pour preuve ce qui s'est passé avec la banane aux Antilles. Quand on est dans l'entreprise et lanceur d'alerte, reste-t-on citoyen ou est-on dans un monde où la question est fermée ?

La deuxième question, c'est celle de la place du social par rapport à l'économique. Il ne faut pas se voiler la face : les situations que les uns et les autres connaissent aujourd'hui sont liées au fait que l'économique prévaut sur le social. Et si vous ne changez pas cela, les lanceurs d'alertes resteront menacés, au point de devoir se réfugier dans les ambassades, et soumis à des pressions énormes. Qui plus est, le Parlement a adopté des textes de loi qui ont réduit les possibilités d'intervention des salariés. La remise en cause des délégués du personnel et des prérogatives des comités d'entreprise est une réalité.

La question du lanceur d'alerte sera résolue dès lors que le salarié de l'entreprise restera citoyen. Il y a longtemps, j'avais été amené à dénoncer la qualité d'un certain nombre de produits. Il faut voir le type de pression que l'on peut subir quand on est amené à appeler les services vétérinaires… Quand on le fait, on est conscient que cela crée chez les salariés des entreprises agroalimentaires des interrogations, parce que la question de l'image dans l'agroalimentaire est extrêmement importante. S'agissant des lanceurs d'alerte, il faut en revenir à ce que sont aujourd'hui l'organisation et le monde du travail. Sinon on ne s'en sortira pas.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion