Je suis personnellement hostile au « délit de sale gueule » – comme tout le monde ici, j'espère – mais aussi à son opposé. Or, nous sommes en train de créer une protection sur un fondement totalement subjectif, qui va poser des problèmes juridiques incommensurables, aggraver encore l'insécurité juridique dont souffre notre pays et rogner la libre expression. Qu'est-ce que la « particulière vulnérabilité […] apparente ou connue » ? Est-ce à dire que quelqu'un de mal habillé pourrait bénéficier d'une protection particulière parce que son apparence de vulnérabilité pourrait être le signe d'une situation économique précaire ? On en arrive à des choses complètement loufoques ! De telles considérations sont entièrement subjectives.
M. Ciotti a cité tout à l'heure l'exemple de M. Macron disant à quelqu'un qui ne portait pas de costume : « Si tu veux un costume, t'as qu'à travailler » – sans doute l'a-t-il d'ailleurs vouvoyé, puisqu'il reprochait lui-même à ses interlocuteurs de « tutoyer un ministre ». Quoi qu'il en soit, il me paraît évident que ce cas tomberait sous le coup de cette loi.
Nous ferions mieux de nous occuper de problèmes infiniment plus importants que nous ne traitons pas, plutôt que de légiférer à longueur de semaine avec un tel extrémisme. Plus le temps passe, plus nous créons de règles, de plus en plus floues et subjectives. Il faut mettre fin à cette évolution.