Intervention de Jean-Philippe Nilor

Réunion du 1er juin 2016 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Nilor :

Le groupe GDR accueille de manière positive votre nomination imminente. Je souhaite que vous disposiez de moyens à la hauteur de vos ambitions, que vous ne soyez pas contraint de solliciter des moyens quasi exclusivement privés, mais que l'État s'engage pleinement, au-delà des discours, dans ce combat majeur de la lutte contre le cancer.

En tant que député de la Martinique, je voudrais vous entretenir de la situation des cancers dans mon département, et plus généralement dans les territoires d'outre-mer. En Martinique, le cancer est la deuxième cause de mortalité, et au cours des dix dernières années a été observée une hausse significative de l'incidence des cancers, notamment des cancers de la prostate, du sein, du colon ou du rectum. Par exemple, le taux d'incidence du cancer de la prostate est supérieur à celui de la métropole, et le taux de décès dû à ce cancer est deux fois supérieur.

Si certains facteurs tels que l'allongement de l'espérance de vie, les modes de vie, les évolutions diagnostiques, voire des facteurs génétiques, peuvent être invoqués pour expliquer cette situation, les facteurs environnementaux et les choix politiques, passés et présents, ne peuvent être occultés.

En effet, les pesticides organochlorés, notamment le chlordécone, ont une grande part de responsabilité dans l'apparition de ces cancers, notamment chez les personnes qui y ont été exposées dans leur milieu professionnel. Par ailleurs, des années après l'interdiction de ces substances, des traces de pesticides se retrouvent dans l'eau potable ou les aliments, et affectent l'ensemble de la population.

Des mesures visant à lutter contre les perturbateurs endocriniens et à améliorer la prévention contre le chlordécone ont été prises et se sont matérialisées par deux plans pour la Guadeloupe et la Martinique, le premier de 2008 à 2010 et le second de 2011 à 2013. Ces plans visaient à améliorer la surveillance de l'État, la réduction de l'exposition de la population et la gestion des milieux contaminés. Toutefois, les plans passent, mais les problèmes demeurent. Aujourd'hui, ces actions sont arrivées à échéance et la situation est encore très préoccupante.

En effet, le manque de professionnels de santé – notamment des oncologues ou des urologues – est criant dans nos territoires. Nombreuses sont les carences en matériel médical de base, mais également en technologies de pointe. On dénote par exemple l'absence de cyclotrons et de laboratoires permettant de réaliser des analyses sur place. Ce Gouvernement a choisi d'implanter deux mini cyclotrons, l'un en Martinique, l'autre en Guadeloupe, alors que cette technologie est loin d'avoir prouvé son efficacité.

Manque de moyens permettant d'effectuer des analyses sur place, des parcours de soins qui demeurent illisibles pour les patients, un faible ratio de personnel disponible dans les services, des patients qui subissent l'allongement des délais de traitement en raison d'erreurs médicales… en conséquence, beaucoup de patients se mettent en difficulté financière en faisant le choix de se faire soigner dans l'Hexagone, ayant perdu confiance dans la capacité de l'hôpital à les traiter de manière efficace en Martinique.

Monsieur le Professeur, en tant que candidat à la présidence de l'INCa, quelles sont les orientations que vous préconiseriez au regard de la situation particulière de la Martinique, et des collectivités d'outre-mer de manière générale, compte tenu de la véritable épidémie de cancers qui y sévit ?

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