J'ai moi-même été troublée en lisant ce texte, que je n'ai compris que dans un second temps. La HAS a été sensible au concept, connu depuis les années 1990, de disease mongering, qui pouvait selon elle s'appliquer à la diffusion de la notion de fibromyalgie dans l'espace public. Ce concept désigne la fabrication de nouvelles maladies sous la pression des industries pharmaceutiques ou de certains lobbies médicaux. Du côté des industriels, il consiste à transformer des maux ordinaires en problèmes médicaux, voire en maladies, à présenter des symptômes bénins comme graves, à traiter des problèmes personnels comme s'ils étaient médicaux et des risques comme des maladies. Ce concept assez général semble bien jouer un rôle dans l'approche marketing développée par l'industrie pharmaceutique. En faisant émerger de nouvelles maladies et en finançant des conférences à leur sujet, celle-ci s'ouvre de nouveaux marchés et de nouvelles perspectives d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de médicaments, selon un processus qui a été bien décrit.
Ont été citées en exemple de ce phénomène les pathologies que vous venez d'énumérer. Par construction, et peut-être par une forme de raccourci, on a fait apparaître parmi elles la fibromyalgie au même titre que la calvitie. L'idée était plutôt de rappeler que cette approche est maintenant conceptualisée par les industriels à des fins de marketing. On a vu ainsi émerger de nouveaux syndromes, érigés en maladies afin de développer de nouveaux médicaments pour répondre à des besoins spécifiques.