Ce qui inquiète les associations de malades, c'est que l'on puisse prendre leurs troubles pour des pathologies psychiatriques, d'où leur recherche d'une cause organique. Mais, aujourd'hui, il n'existe pas d'argument scientifique en faveur d'un dérèglement de la douleur. En tout cas, les quelques articles publiés qui tentent de mettre en évidence des réalités biologiques sous-tendant le syndrome fibromyalgique manquent de robustesse scientifique ; ils portent souvent sur un très petit nombre de patients. Or, tant que nous n'avons pas de substratum ou d'explication biologique ou physiopathologique, il est difficile de considérer que le syndrome est lié à un dérèglement de la douleur ou à un autre facteur. Aujourd'hui, nous n'avons pas de piste.
Cela dit, il faut entendre les patients, qui ne veulent pas être considérés comme relevant de la psychiatrie, même si des dépressions sont souvent associées au syndrome fibromyalgique et qu'il faut les prendre en charge lorsqu'elles sont identifiées. Mais la dépression ne signifie évidemment pas que les patients ne ressentent pas les symptômes ni qu'ils relèvent de la psychiatrie. Selon mes équipes, les patients « voudraient ne pas être classés dans une maladie psychiatrique, au sens où ils disent “nous ne sommes pas fous” ». Il est évident que tel n'est pas le propos. Toutefois, ce n'est pas parce que ce dont ils souffrent n'est pas une maladie psychiatrique en ce sens-là qu'il en existe aujourd'hui un substratum biologique identifié.