Je vais essayer de simplifier ce qu'est la physiopathologique d'une maladie, pour ne pas entrer dans des détails passionnants mais compliqués.
Si vous vous cognez, vous allez avoir mal, fort heureusement : dans le cas contraire, vous ne cesseriez de vous cogner et de vous blesser ; la douleur est aussi un mécanisme de défense qui nous permet de vivre. Au bout d'un certain temps, vous n'avez plus mal parce que votre cerveau – par les voies descendantes centrales – va envoyer des signaux d'inhibition à l'endroit où se manifeste le problème. C'est une première piste de recherche dans le cadre de la fibromyalgie, qui donne lieu à de nombreux travaux. Il s'agit de comprendre si ces mécanismes d'inhibition sont ou non altérés. Si vous avez moins d'inhibitions, vous n'appuyez plus sur la pédale du frein et, du coup, la douleur persiste.
La deuxième piste de recherche prend le problème dans l'autre sens. Quand vous vous cognez, vous avez mal, mais si vous touchez un peu, vous n'avez pas mal. C'est ce que l'on appelle la voie ascendante : la sensation d'inconfort varie en fonction des signaux de douleur. Pour des raisons que l'on ignore, dans certains cas la personne appuie trop sur l'accélérateur et les signaux de douleurs sont trop forts par rapport à l'importance de la pression ou du contact.
Une troisième piste de recherche se rapporte à ce que l'on appelle la neuro-inflammation. Lors d'un stress – mécanique ou psychologique –, il va y avoir localement, en périphérie, un relargage de molécules de l'inflammation qui vont ensuite activer la douleur. On se situe alors en périphérie et non plus dans les voies centrales.
Voici sommairement tracés les grands axes de recherches sur les mécanismes de la douleur qui pourraient aboutir à ces symptômes ou à cette maladie que l'on nomme fibromyalgie. Peut-être y a-t-il aussi un terrain génétique ? Des recherches ont été entreprises très récemment pour explorer cette possibilité. Outre la douleur, il faut aussi prendre en compte d'autres éléments, en particulier les troubles du sommeil. Il n'est pas exclu que certaines anomalies du sommeil aient des conséquences sur la perception de la douleur. Nous avons tous pu constater que nous ressentions les choses différemment après une mauvaise nuit.