Notre vie est faite de stress réguliers, dont l'intensité est variable et aussi relative dans la mesure où elle est ressentie de manière différente par les uns et les autres. Quand on creuse, on trouve toujours un stress, comme on l'a constaté lors d'enquêtes sur des polyarthrites rhumatoïdes ou spondylarthrites. Lors d'une analyse des peurs et des croyances des patients, on s'est aperçu que ceux-ci répondaient très souvent par l'affirmative quand on leur demandait s'ils pensaient qu'un stress était à l'origine de leur maladie. En fait, il est impossible de prouver que ce stress a provoqué la maladie.
La manière de considérer l'apparition des maladies non transmissibles chroniques a d'ailleurs évolué. On ne considère pas que le patient est passé brutalement d'un état à un autre, qu'il était en bonne santé la veille du jour où il est tombé malade : il y a un état dit préclinique dans presque toutes ces maladies. Peut-être le stress est-il l'élément déclencheur, un peu comme la goutte qui fait déborder le vase, mais ce n'est pas en revenant à lui qu'on réglerait le problème. Le processus s'est probablement étalé sur plusieurs années.
L'impact sur la vie professionnelle et personnelle est très variable d'un patient à l'autre, mais il est en général très important pour les patients qui viennent consulter. Toutes les maladies qui touchent le système ostéo-articulaire ont un impact sur la vie sociale parce qu'elles sont souvent visibles : on ne marche plus ; on sort moins ; on voyage moins ; on ne peut plus aller chercher ses petits-enfants à l'école ; on peut moins rester debout pour faire la cuisine ; on peut moins passer de temps avec ses proches, etc.
Il faut aussi tenir compte d'un biais : nombre de personnes ne vont sans doute pas voir le médecin ou le spécialiste parce que le niveau d'intensité de la douleur est supportable ; les gens qui fréquentent les services de rhumatologie hospitaliers sont ceux qui subissent les impacts les plus forts sur leur vie professionnelle et personnelle. D'où l'importance des centres antidouleur des hôpitaux, où sont mises en place des approches multidisciplinaires, où l'on prend le temps de chercher aussi des solutions non médicamenteuses. Les centres antidouleur dotés de programmes spécifiques pour la fibromyalgie, comme ceux qui existent à l'hôpital Saint-Antoine et à l'hôpital Cochin notamment, visent à réduire les effets de la maladie sur la vie sociale et professionnelle des patients.