Intervention de Françoise Bas-Théron

Réunion du 24 janvier 2013 à 14h00
Mission d'information sur les immigrés âgés

Françoise Bas-Théron, membre de l'Inspection générale des affaires sociales, IGAS :

En 2002 déjà, nous commencions à rencontrer ces immigrés, ouvriers du bâtiment et des travaux publics ou de l'industrie, qui avaient eu des carrières « hachées » en raison de longues périodes de chômage. Ils craignaient de ne pas percevoir de retraite contributive et d'être contraints de se contenter de prestations de solidarité.

Madame Geoffroy, nous n'avons pas eu la prétention de donner une représentation statistiquement exacte des diverses situations. Nous avons visité des foyers à Paris, en région parisienne, dans le Rhône et à Marseille ; pour d'autres, nous avons rencontré leur directeur ou pris connaissance d'un dossier. Mais nous nous sommes également rendus dans des hôtels garnis de Marseille, proches du Vieux-Port, où nous avons pu constater les conditions de vie sordides imposées par les marchands de sommeil. La surface dont chacun disposait était si réduite qu'il eût été inimaginable d'y faire venir une infirmière ou une aide ménagère, si le besoin s'en était fait sentir.

Nous avons effectivement rencontré dans les foyers des pathologies spécifiques, liées aux métiers physiquement éprouvants exercés par ces immigrés, et on nous a signalé d'assez nombreux cas de dépression. Même là, les chambres, souvent occupées par deux personnes, sinon trois, sont trop petites pour qu'une aide ménagère puisse venir aider les personnes dépendantes. Or une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la santé montre que les immigrés tombent dans la dépendance plus tôt que la moyenne de la population française. Et l'on sait aussi que la fréquence des problèmes de santé comme l'espérance de vie dépendent beaucoup de la catégorie socioprofessionnelle à laquelle on appartient : de nombreux immigrés disposant d'un niveau d'éducation et de revenus faibles, ils plus exposés que d'autres à la maladie et souffrent d'une prise en charge sanitaire insuffisante.

L'assistance de personnes extérieures ne se heurte pas seulement à la taille insuffisante des logements : s'y ajoutent la barrière de la langue et des différences culturelles, ainsi que la réticence traditionnelle des personnes âgées à laisser un intrus pénétrer chez elles – réticence encore plus forte chez cette population. En effet, les foyers apparaissaient déjà inadaptés en 2002 et c'est pourquoi nous avions souligné l'intérêt du plan de transformation des foyers en résidences sociales, même s'il avait déjà pris du retard. Cependant, pour la raison que j'ai dite, je ne suis pas certaine que les résultats aient été à la hauteur des ambitions affichées.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion