Je m'interroge moins sur le rite lui-même ou les conditions techniques de l'abattage rituel, que sur le lien entre ces conditions techniques et le rapport de l'homme à l'animal dans la religion. Si j'ai bien compris, aussi bien l'islam que la religion juive contiennent des prescriptions très strictes sur le respect des animaux et la nécessité de pratiquer l'abattage – quand on en a la permission, quand on peut sacrifier l'animal – dans les meilleures conditions possibles au regard de la souffrance animale. Cet objectif est très largement partagé dans la société : les gens qui mangent de la viande, quelle que soit leur religion, ne souhaitent pas qu'elle soit produite dans les pires conditions. Je n'ai pas la naïveté de penser que ceux qui veulent interdire l'abattage, quel qu'il soit, ou qui stigmatisent telle ou telle pratique, n'ont pas d'arrière-pensées. Et à certains moments tragiques de l'histoire, vous l'avez rappelé, correspondent des représentations que l'on peut comprendre. Reste qu'il y a des principes communs, et que notre connaissance de la souffrance animale a évolué : les scientifiques que nous avons auditionnés nous ont apporté des éclaircissements, en distinguant notamment perte de conscience et douleur. Comment le rite peut-il prendre en compte – au regard de la gestuelle, de la technique – les progrès de la connaissance sur la souffrance animale ?