Il me semble qu'en Irlande certains abattoirs pratiquent l'étourdissement pré-abattage. Par contre, quand il s'agit d'exporter vers les pays du Golfe, il peut y avoir une autre façon de faire : si des personnes passent un contrat pour demander de la viande halal, l'électronarcose n'est pas pratiquée, par exemple. Il y a donc une certaine hypocrisie en la matière. De la même façon, la Suisse interdit l'abattage rituel depuis plus d'un siècle, mais n'interdit pas l'importation de viande halal abattue à Besançon…
L'insensibilisation post-jugulation est pratiquée aux Pays-Bas dans l'abattage rituel : pour les ovins, elle doit intervenir au maximum 30 secondes après l'égorgement, et pour les bovins 45 secondes après, et ce afin d'abréger l'agonie. En Belgique, beaucoup de discussions ont lieu sur l'abattage rituel musulman. C'est effectivement la situation minoritaire des musulmans qui amène le développement d'un abattage rituel dit « halal, de boucherie musulmane », comme l'a expliqué M. Benhkeira : dans les pays du Maghreb ou majoritairement musulmans, on ne se pose pas la question : tout se fait selon les règles, à supposer qu'elles soient vérifiées… Pour tout le monde, c'est de l'abattage rituel.
L'électronarcose permet-elle d'anesthésier un animal sans le tuer ? Je pense que cela est possible. Pour certaines races ovines, il faut tondre ou arroser l'endroit où sont placées les électrodes, sinon le courant ne passe pas. Or, quand on lit les descriptions sur les effets du courant électrique sur l'animal, avec les stades correspondant au passage du courant électrique, on peut se demander si cette anesthésie, ou cette insensibilisation, ou cet assommage – est véritablement indolore. D'où les représentations dont je vous ai parlé sur l'électricité faisant référence à la torture à l'électricité chez les humains.
L'homme est-il un être sentimental ? Je ne le pense pas. C'est en tout cas le seul être vivant à savoir qu'il va mourir. Les animaux n'ont pas conscience de la mort. Ont-ils des sentiments ? Je n'en sais rien. Par contre, les animaux sont des êtres sensibles et ressentent la douleur : j'en suis certaine, comme tout le monde.
Dans l'islam, que ce soit dans le sacrifice ou l'abattage rituel, il est interdit d'abattre un animal devant un autre animal vivant, de lui montrer le couteau – comme dans le sacrifice grec, où le couteau était caché dans un panier de grains et où l'on demandait à l'animal d'acquiescer à sa mort en lui faisant hocher la tête –, de coucher l'animal de façon brutale, de poser son pied sur lui pour l'immobiliser avant de l'abattre, etc. Dans l'abattage industriel, les animaux sont insensibilisés et abattus à la chaîne les uns après les autres : quel que soit le type d'abattage, rituel ou conventionnel, on ne peut pas dire que les prescriptions propres à l'abattage familial ou au sacrifice soient forcément respectées.