Il manque en effet un chaînon à notre filière bois, monsieur Franqueville : nous n'avons plus de scieries. Il revient au ministre du redressement productif de traiter ce problème, sachant qu'il existe un fonds bois à la Caisse des dépôts et consignations. M. Montebourg s'est attelé à la structuration de nos filières. Il s'est déjà penché sur le nucléaire, le ferroviaire et l'automobile. Il prendra prochainement des initiatives sur la filière bois.
Je puis en tout cas vous assurer que je connais des entreprises d'ameublement françaises – PME et entreprises de taille intermédiaire – très performantes à l'export. Je pense en particulier à une entreprise vendéenne que je retrouve dans de nombreux pays. Par ailleurs, il faut savoir que pour exporter, il faut la plupart du temps importer : les produits « franco-français » sont aujourd'hui très rares, même si nous ne le savons pas toujours.
Je défends bien sûr les AOC et les AOP, madame Marcel. La variété et la qualité de nos produits sont une force. J'ai rencontré au Salon international de l'agroalimentaire (SIAL) de jeunes entreprises très performantes, qui vendent leurs produits dans le monde entier. Il faut les encourager, au même titre que les plus grands. C'est aussi le travail de la filière agroalimentaire que de faire cohabiter les grands et les petits. Nous aurions, je crois, intérêt à fédérer nos forces autour d'une marque France. La diversité des territoires est une bonne chose, mais il faut penser que pour un Asiatique ou un Colombien, nous sommes des Européens avant d'être des Français. Nous lançons donc après-demain, avec Sylvia Pinel et Arnaud Montebourg, la mission « Marque France ». Les Italiens, les Espagnols ou les Turcs se fédèrent sous une seule bannière. Cela leur permet d'être immédiatement repérables. Nous devons être capables de le faire, car nous vendons non seulement un produit, mais aussi une image, celle de nos valeurs universelles. Assumons ce rôle, et sachons en faire une force commerciale !
Parmi les causes des difficultés de nos entreprises à l'exportation, monsieur Kemel, j'incriminerai une mauvaise analyse de départ. Il faut inciter les entreprises primo-exportatrices à faire d'abord leurs preuves sur un marché de proximité. Pour aller à l'export, il faut être solide, en fonds propres comme en trésorerie – les règles relatives aux délais de paiement ne sont pas nécessairement les mêmes partout. C'est d'ailleurs là que la puissance publique peut servir de relais, et c'est pourquoi un accompagnement dans la durée est nécessaire. Trois ans me semblent un minimum pour bien s'implanter. Il faut aussi savoir accepter d'ouvrir son capital, ce qui n'est pas toujours facile pour une PME. Enfin, il ne faut pas se tromper de partenaire. Nous devons aider les entreprises à trouver le bon partenaire ou le bon distributeur. Une entreprise bretonne très performante dans son domaine m'a expliqué avoir dû changer de partenaire au bout de trois ans. Il faut alors être particulièrement solide pour recommencer la démarche. Ce sont ces erreurs que l'accompagnement des entreprises doit permettre d'éviter.