Je voudrais revenir sur la stratégie mise en oeuvre par le groupe Renault depuis quelques années. Alors que les délocalisations de production ont été multipliées par cinq en cinq ans, les deux tiers des voitures Renault immatriculées en France sont aujourd'hui fabriquées à l'étranger. Qu'est-il advenu, par ailleurs, des 5 milliards accordés en quatre ans par l'État, sous forme d'avances ou d'aides ? Force est de constater que le résultat n'est pas au rendez-vous.
Cela m'amène à poser une question extrêmement importante, mais que vous avez occultée dans votre présentation. Vous vous préoccupez surtout du coût du travail. Comme si les salariés étaient responsables de la situation, vous leur faites porter, au final, le poids des mesures que vous entendez mettre en oeuvre. Et s'ils n'acceptent pas vos propositions – gel des salaires, flexibilité, mobilité – des sites fermeront, dites-vous. C'est du chantage.
En revanche, vous n'évoquez pas le coût du capital. Peut-on connaître le montant des dividendes versés aux actionnaires, par exemple depuis la baisse d'activité de 2007, et celui qui leur sera versé au titre de 2012 ? Ces éléments doivent être mis sur la table.
Par ailleurs, et très concrètement, je voudrais connaître le sort des salariés qui seraient conduits à refuser le détachement temporaire obligatoire. Allez-vous « anticiper » l'accord minoritaire qui a été signé par le MEDEF et trois syndicats et qui prévoit, dans le cadre d'accords d'entreprise, d'imposer aux salariés des mesures de flexibilité ?
Enfin, ce que vous mettez en oeuvre l'a déjà été ailleurs, notamment chez Continental. Or le chantage dont les salariés de cette entreprise ont fait l'objet et qui les a amenés à consentir des baisses de rémunération et des allongements de la durée du travail n'a pas empêché, quelques mois ou quelques années après, les plans massifs de licenciement. En l'occurrence, le chantage s'est doublé d'une tromperie ! Quelles garanties pouvez-vous donc donner aux salariés et aux organisations syndicales ?