Intervention de l'ambassadeur

Réunion du 31 mai 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

l'ambassadeur :

Je vous remercie, Monsieur Folliot, de votre visite, témoignage d'amitié et de soutien à l'Égypte. J'ai parfois le sentiment, quand je parle à des journalistes français, d'être à leurs yeux un Nord-Coréen ou un Iranien… Cela étant, quoi que l'on dise aujourd'hui à propos de l'Égypte en France, cela passe, et les médias pratiquent parfois l'information sélective. Ainsi, on a abondamment parlé de ce que 672 condamnations à mort avaient été prononcées au cours d'un seul procès. Le fait est exact, mais ce qui n'a jamais été dit est que ces condamnations sont sans conséquence puisqu'elles ont été prononcées par contumace : lorsque les condamnés seront arrêtés, ils seront rejugés

Dernièrement, le journal britannique The Guardian a présenté des excuses pour avoir publié une cinquantaine d'articles écrits par un journaliste travaillant en Égypte dont il est apparu qu'il n'avait jamais rencontré les personnes dont il transcrivait les prétendues interviews ; le quotidien a indiqué qu'il vérifierait mieux la véracité des informations qu'il publie.

L'expulsion du journaliste de La Croix est vraiment regrettable. Je n'ai pas d'éléments précis, mais il semble que les activités de ce journaliste n'étaient pas très appréciées. Chaque État a le droit d'expulser une personne étrangère dont il estime qu'elle lui nuit. Je le redis, c'est vraiment regrettable.

Nous avons, c'est vrai, quelques bavures des forces de sécurités. Nous nous améliorons, à notre rythme ; il faudra du temps… Le ministre de l'Intérieur a désormais un assistant pour les droits de l'homme ; le message institutionnel est que cela ne peut plus durer.

Se demander si la configuration de la Libye est un héritage colonial, c'est ouvrir la boîte de Pandore. Il ne faut pas redessiner les frontières actuelles : le faire créerait un précédent qui vaudrait pour toute l'Afrique et tout le Moyen-Orient. La sagesse oblige à accepter les frontières telles qu'elles sont tracées, même si elles ne sont pas idéales ; quand bien même on est différents, on parvient à cohabiter dans un pays.

Oui, si l'on considère que la priorité est de combattre le terrorisme, le général Haftar est un élément de solution. Il faudra s'assurer qu'il n'a pas d'ambition politique et avoir la garantie qu'il accepte de travailler sous les ordres du pouvoir civil. Si le général Haftar inquiète, on pourra s'assurer qu'il participe au pouvoir libyen en qualité de ministre de la Défense et qu'il soit capable d'assurer la sécurité du gouvernement et de mener la guerre. Vous n'êtes pas davantage prêts à envoyer des soldats français mourir en Libye que nous des soldats égyptiens, et même s'il y a beaucoup de palabres, aucun autre pays n'est prêt à y aller. Il revient donc aux Libyens d'intervenir puisque le terrorisme se déploie sur leur sol, et il nous revient de les soutenir dans ce combat. L'alternative est simple : le général Haftar ou les islamistes.

Pour ce qui est d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, nous serions d'accord sur le principe, mais encore faudra-t-il en connaître la teneur.

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