Intervention de l'ambassadeur

Réunion du 31 mai 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

l'ambassadeur :

L'Union pour la Méditerranée est un projet magnifique mais il se heurte à un obstacle de taille : l'incapacité à coopérer des États concernés, notamment Israël, les Palestiniens, la Jordanie et les autres. Les conditions ne sont donc pas réunies pour exploiter l'extraordinaire potentiel qui se trouve là : si l'on ne se parle pas, comment lutter ensemble contre le terrorisme ?

L'extension du canal de Suez a été réalisée en un an seulement. Le projet avait un volet économique et un volet psychologique : il était important que les Égyptiens se sachent capables de réaliser un ouvrage aussi considérable en un temps record – un « Yes, we can » à l'égyptienne. Cela étant, il ne s'agit « que », si l'on peut dire, de l'infrastructure nécessaire à la création des 461 km² de zone économique spéciale dont je vous ai parlé. Nos amis chinois y ont pris sept millions de mètres carrés pour créer une zone industrielle et les Russes ont fait connaître leur intérêt pour deux millions de mètres carrés. Nous attendons les manifestations d'intérêt de la France et des autres pays. Nous visons la création d'un million d'emplois. Pendant l'ère Moubarak, la croissance économique égyptienne était de 8 %, mais cela ne suffisait pas : il y avait un problème de distribution des richesses. Pour sortir de la crise, la bonne gouvernance ne suffit pas, nous devons renforcer notre économie de manière spectaculaire. C'est le but de cette zone économique spéciale ; elle permettra aux entreprises françaises de pénétrer les marchés africains sans payer de droits de douane puisque nous avons signé avec eux des accords de libre-échange, et aussi d'exporter vers l'Europe ou l'Asie. Vous l'aurez compris, c'est un projet à très fort potentiel.

Tenter d'attirer le tourisme en ce moment tiendrait du coup d'épée dans l'eau. Alors que la méfiance des touristes touche non seulement l'Égypte mais toute la région, rien ne servirait de gaspiller de la sorte des ressources limitées. Quand nous pourrons signifier au monde que le Sinaï est nettoyé des terroristes, nous ferons une belle campagne de promotion du tourisme en Égypte. Cela étant, le fait que dans ses conseils aux voyageurs, le Quai d'Orsay publie sur son site une carte de l'Égypte entièrement badigeonnée de rouge ne donne pas spécialement envie de s'y rendre, ce qui a un effet extrêmement néfaste. Les difficultés aiguës de secteur du tourisme créent de graves problèmes de revenus en devises étrangères : nous avons perdu 14 milliards de dollars.

Les coptes égyptiens n'ont jamais été aussi contents de vivre en Égypte qu'ils le sont maintenant. Le président al-Sissi est allé, en 2014 et en 2015, leur souhaiter d'heureuses fêtes de Noël, à l'église, et saluer le patriarche de l'Église copte orthodoxe d'Égypte. Il est à noter que c'est un précédent historique. En 2015, ce Président de la République musulman a présenté aux coptes ses excuses parce que seules 60 des 74 églises détruites par les Frères musulmans avaient été reconstruites en un an, ajoutant que les autres le seraient rapidement – et vous savez à quels défis économiques l'Égypte doit faire face.

L'ensemble des minorités connaissent, en Orient, une situation très difficile. Nous considérons que les chrétiens d'Égypte sont des Égyptiens qui doivent jouir de tous leurs droits car c'est la citoyenneté qui compte. Mais toutes les minorités d'Orient doivent, de même, voir leurs droits respectés, et il serait bien que tous s'intéressent à elles toutes sans exception, et pas à l'une plus qu'aux autres. Toutes sont dans une situation extrêmement difficile et toutes, y compris les chrétiens d'Orient, méritent le même soutien.

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