C'est un plaisir renouvelé, Madame la présidente, de m'exprimer devant votre Commission, comme je l'avais fait lors de la précédente législature.
La situation de l'armée de l'air est contrastée ; je m'efforcerai de la décrire le plus objectivement possible et sans esprit partisan.
La crédibilité de l'armée de l'air s'appuie sur une cohérence, au niveau des équipements comme des hommes : ce souci devra être à la base de nos travaux futurs, comme l'a observé le Président de la République, au même titre que l'efficacité, quelle que soit la nature des opérations concernées, à l'étranger ou sur le territoire national. Nous visons toujours l'excellence, et avons donc le souci de tirer toutes les leçons des différents retours d'expérience.
Je ne saurais trop vous inciter à rencontrer nos hommes et nos femmes sur le terrain, car il y a beaucoup à apprendre d'eux : vous serez sans doute étonnés de leur franchise et de leur clairvoyance.
Notre première mission, vitale, est la dissuasion, dont l'armée de l'air avait été, dans la conception du général de Gaulle, la première composante. Cette mission des forces aériennes stratégiques (FAS) constitue pour nous un engagement très fort, puisqu'elle exige l'excellence et la permanence. Le dernier Livre blanc avait précisé notre rôle en ce domaine, notamment par rapport à la force océanique stratégique (FOST) de la marine nationale, qui représente la composante sous-marine des forces nucléaires, et définit un axe de modernisation, nous imposant une réduction d'un tiers dans le cadre du principe de « juste suffisance ». Je suis fier de pouvoir vous dire, aujourd'hui, que l'armée de l'air est au rendez-vous de l'histoire : la modernisation fait la fierté des acteurs qui l'ont menée à bien ; elle offre à notre pays une composante aéroportée pérenne, comme l'a d'ailleurs confirmé à plusieurs reprises le Président de la République, composante qui nous permet de faire face à tous les types de menaces et de satisfaire à toutes les exigences de sûreté.
Cela dit, l'âge des ravitailleurs en vol – une cinquantaine d'années – est une incontestable faiblesse, alors même que ces appareils nous permettent, entre autres, de projeter nos forces à plusieurs milliers de kilomètres.
Notre deuxième mission, moins connue mais tout aussi exigeante, concerne la souveraineté de l'espace aérien national, lequel est le plus survolé d'Europe ; elle mobilise en permanence un millier d'hommes et de femmes, postés derrière des radars, dans des avions intercepteurs, des hélicoptères ou des centres de commandement et de contrôle. Nous nous ferons un plaisir de vous montrer, si vous le souhaitez, l'organisation de ce dispositif au Centre national des opérations aériennes, à Lyon.
Cependant, force est de constater que la rénovation de nos radars, dans le but de les porter aux meilleurs standards technologiques, a été retardée et pose dès lors un réel problème. C'est dommage, car cette rénovation permettrait en effet d'améliorer notre plancher de détection et de réduire les coûts de fonctionnement et de maintenance de radars en voie d'obsolescence.
À cette deuxième mission de sauvegarde de la souveraineté de notre espace aérien, appelée « posture permanente de sûreté » (PPS), s'ajoutent différentes missions de service public, telles que l'assistance aux aéronefs en difficulté et parfois aux populations, ou le soutien, via nos bases aériennes, aux opérations engagées, par exemple, lors de catastrophes naturelles – souvent en Corse et dans les départements d'outre-mer.
Notre troisième mission, sans doute plus visible, a trait à l'intervention et à la prévention. L'intervention recouvre la projection de forces ; le meilleur exemple nous en a récemment été donné en Libye. Si les opérations que nous y avons menées ne sauraient constituer un paradigme, nous devons en tirer toutes les leçons, qui sont d'ailleurs majoritairement positives. Je rappelle que trente-six heures seulement après le vote de la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies destinée à protéger les civils contre des attaques systématiques et généralisées, nos avions survolaient Benghazi ; cela me semble être un record historique. Mais ce résultat n'est évidemment pas le fruit du hasard : il consacre les efforts que nous fournissons pour le maintien en condition opérationnelle de nos équipements, le renouvellement des stocks, l'entraînement de nos troupes et leur motivation.
Une telle réactivité suppose la cohérence, laquelle nous permet de répondre de façon autonome aux demandes qui nous sont faites, en l'occurrence par le Président de la République. Il a fallu mobiliser non seulement des avions de combat, mais aussi des ravitailleurs, puisque nos avions décollaient des bases métropolitaines pour aller frapper à plus de 2 000 kilomètres de là, puis revenaient avant de se redéployer vers la base aérienne de Solenzara en Corse, la Crète ou la Sicile. Je rappelle aussi, pour donner la mesure du déficit européen en la matière, qu'environ 80 % des missions de ravitaillement ont été assurées par les Américains, la France étant le deuxième contributeur.
Nos opérations s'inscrivant dans la durée – près de huit mois pour celles menées en Libye –, l'armée de l'air doit rester opérationnelle vingt-quatre heures sur vingt-quatre : tous les avions, y compris ceux dont la mission première est la dissuasion – Rafale et Mirage 2000 –, et bien entendu les équipages, y ont contribué. La polyvalence, qui nous permet de parer à toutes les éventualités, est en effet un véritable objectif dans le cadre de la modernisation.
Par ailleurs, conformément au voeu du Président de la République, nous venons de retirer nos avions de chasse d'Afghanistan, où ils étaient engagés depuis onze ans, et depuis 2007 à Kandahar au profit de la coalition, selon le principe de mise en commun des forces qui prévaut dans ce type d'organisation. Ainsi, nos avions de chasse sont souvent venus en soutien de forces terrestres d'autres pays, comme nos propres forces terrestres ont été soutenues par des avions ou des drones étrangers – la plupart du temps américains.
Les opérations en Afghanistan ont d'abord montré que l'armée de l'air pouvait se déployer au plus près des forces, au bénéfice de l'efficacité et de la réactivité. C'est aussi en Afghanistan que nous avons utilisé pour la première fois le Rafale, qui a révélé toute son efficacité opérationnelle et sa polyvalence, mais aussi les drones Harfang, dont nous possédons quatre exemplaires, lesquels, grâce à la compétence de nos personnels, ont effectué plus de 5 000 heures de vol en trois ans. Cette performance, pour excellente qu'elle soit, ne saurait suffire ; aussi M. le ministre de la défense, avec qui je m'en suis longuement entretenu, a-t-il exprimé le souhait d'avancer sur ce dossier. J'en suis ravi, car le « feuilleton » des drones, si vous me passez l'expression, n'a que trop duré : la France et l'Europe doivent désormais se mettre au diapason de l'histoire. J'ajoute que, dans les dernières semaines de l'opération Harmattan, la France a réussi à déployer un drone, tour de force qui a d'ailleurs permis de contribuer efficacement à la réussite de nos missions sur ce théâtre dont la dernière notamment qui a conduit à l'arrestation de M. Kadhafi.
La mission en Afghanistan n'est pas terminée pour l'armée de l'air, puisqu'il reste des hommes sur le terrain, au sein de la composante des hélicoptères interarmées et dans celle du transport aérien tactique, dont on conçoit l'importance dans le retrait de nos troupes. Nous mettons également, autant que faire se peut, un ravitailleur à la disposition de la coalition à partir des Émirats Arabes Unis.
L'Afrique est, depuis de nombreuses années, un autre théâtre d'opérations majeur pour l'armée de l'air ; j'étais moi-même au Tchad en 1987, où nous sommes toujours présents aujourd'hui, avec un détachement d'avions de chasse soutenu par un avion de ravitaillement. Une vraie puissance aérienne montre toute son utilité sur un théâtre aussi vaste, en particulier au Sahel, où nous assurons des missions de renseignement.
La prévention passe aussi par le prépositionnement – six Rafale sont ainsi installés de façon permanente aux Émirats Arabes Unis, à Al Dhafra –, lequel est plus qu'une vitrine, puisqu'il contribue au respect de certains de nos engagements internationaux et à la stabilisation du golfe persique, sans compter que ces avions pourraient, au besoin, intervenir très rapidement en Afghanistan. Le prépositionnement à Djibouti permet lui aussi, dans un cadre différent, d'assurer un soutien aux nombreuses opérations dans la région, tout en contribuant à sa stabilisation.
Je n'oublierai pas les départements et collectivités d'outre-mer. En application des réformes en cours, l'armée de l'air a dû fermer plusieurs implantations – à La Réunion, à Papeete et aux Antilles –, pour se recentrer sur ses missions de protection du centre spatial guyanais et de soutien à l'opération Harpie qui a pour objectif de paralyser les sites d'orpaillage clandestins sur le territoire, grâce à la mobilisation d'hélicoptères. Nos équipages présents en Nouvelle-Calédonie conduisent également des missions importantes dans cette région du monde.
Quant au transport aérien, le déficit capacitaire est béant puisque nous ne satisfaisons que 25 à 30 % de cet exigeant contrat. Nous tentons d'y remédier à travers des initiatives telles que le commandement du transport aérien européen (EATC : European Air Transport Command), créé il y a deux ans à Eindhoven au Pays-Bas en partenariat avec nos amis belges, hollandais et allemands, mais cette structure ne dispose que de flottes vieillissantes, en attendant mieux – c'est-à-dire l'A400M.
La mission la plus essentielle, si l'on excepte les missions régaliennes, est sans doute le renseignement, auquel le Président de la République a marqué son attachement en lançant les travaux relatifs au nouveau Livre blanc. Dans le précédent, il était déjà beaucoup question de « connaissance et anticipation », et l'armée de l'air dispose d'une vraie culture en la matière. Le premier avion ayant survolé l'Afghanistan, en 2001, était un Mirage IV : l'objectif était alors de prendre des photographies des camps d'Al-Qaïda. De même, nos Rafale et nos Mirage F1, qui ont survolé la Libye, ont rapporté l'essentiel des images et du renseignement fourni à la coalition. Reste la partie invisible, à savoir les moyens de reconnaissance électromagnétique grâce auxquels nous sommes en mesure d'apprécier le niveau de la menace : c'est ce qui nous a permis, le 19 mars dernier, d'indiquer au Président de la République que nous maîtrisions, autant que faire se peut, les risques inhérents à notre engagement sur le théâtre libyen, et de préparer nos forces en conséquence. Le renseignement, dont il nous faudra renouveler les moyens avec les dernières technologies disponibles, fera d'ailleurs l'objet d'une réflexion dans le cadre du futur Livre blanc.
L'armée de l'air est aussi chargée de la mise en oeuvre des moyens spatiaux au profit de l'ensemble des armées, comme c'est le cas avec les satellites Helios.
J'ai déjà évoqué les drones, qui ont montré leur potentiel en Afghanistan comme en Libye, qu'il s'agisse de la surveillance permanente des théâtres d'opérations, du renseignement en temps réel, et ce jusqu'à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Sans vouloir refaire l'histoire, il est clair que les drones nous auraient beaucoup simplifié la tâche pour les premières opérations en Libye ; mais, bien entendu, les militaires savent d'expérience que l'on mène toujours les guerres avec les outils disponibles au jour J.
Si notre armée de l'air a acquis une dimension internationale, c'est qu'elle jouit d'une vraie reconnaissance de la part des pays étrangers ; à telle enseigne que l'on pourrait parler d'une véritable « diplomatie aérienne » : c'est particulièrement évident avec les Émirats Arabes Unis, le Qatar – qui a participé aux opérations en Libye et que nous avons aidé –, ou nos alliés plus lointains, comme l'Inde, dont l'armée de l'air est équipée de Mirage 2000, et qui vient de faire le choix du Rafale.
Cette dimension internationale s'exprime aussi dans le cadre de l'OTAN, l'armée de l'air ayant garanti son interopérabilité avec les forces des autres pays membres, même quand le nôtre n'était pas intégré au commandement militaire ; reste que cette intégration, désormais pleine et entière, ne peut que faciliter les choses, non seulement pour le général Abrial, qui commande l'un des deux commandements suprêmes de l'OTAN – l'ACT (Commandement allié Transformation) à Norfolk (Virginie) – mais aussi pour tous ceux qui assument différentes responsabilités dans les états-majors de l'Organisation.
En conclusion, l'armée de l'air peut intervenir dans toutes les missions où notre pays se trouve engagé, conformément à l'objectif qui nous était fixé par le Livre blanc et les lois de programmation militaire. Toutefois, ce n'est pas sans difficultés que nous tenons cet objectif. L'armée de l'air a en effet contribué, à un niveau très élevé, aux réformes mises en oeuvre dans le cadre du Livre blanc de 2008 et de la révision générale des politiques publiques (RGPP) : une douzaine d'implantations ont été fermées, dont huit en métropole. Cette restructuration était nécessaire ; nous l'avions d'ailleurs nous-mêmes définie.
Le format de notre aviation de chasse a lui aussi été réduit, à hauteur d'un tiers, soit une centaine d'appareils. Cette réduction sera terminée en 2014, avec la fin de vie des Mirage F1 CR – qui nous sont encore d'une grande utilité.
Enfin, nous avons d'ores et déjà atteint les deux tiers de l'objectif de 16 000 suppressions de poste entre 2008 à 2015, ce qui représente 25 % des effectifs. Les derniers milliers de postes à supprimer sont évidemment les plus difficiles à trouver ; aussi éprouvons-nous beaucoup de mal à le faire, surtout après des décisions telles que la réintégration dans le commandement intégré de l'OTAN ou l'ouverture d'une base aux Émirats Arabes Unis, et compte tenu de volontés réformatrices qui sont peut-être allées au-delà du raisonnable. Quoi qu'il en soit nous continuerons à chercher, et nous devrions trouver, les potentiels de diminution d'effectifs.
L'armée de l'air a également contribué à l'interarmisation à travers les bases de défense, dont la culture lui est familière, puisqu'elle avait déjà l'expérience des bases aériennes – même si la concentration géographique n'est pas forcément l'esprit des bases de défense actuelles. Pour les aviateurs, il s'agit donc davantage d'une évolution que d'une révolution ; aussi bien la plupart des commandants de base de défense sur les bases aériennes ont-ils aujourd'hui le double chapeau. La concentration sur la mission doit en effet rester notre objectif.
Je suis à la tête de femmes et d'hommes ayant des attentes légitimes, compte tenu des efforts qui leur sont demandés, notamment en termes de mobilité. Ainsi, certaines de nos unités se trouvaient en opérations cependant que leurs bases fermaient, de sorte qu'elles ont dû, à leur retour, se transférer ailleurs. Elles l'ont fait sans état d'âme, avec un sens de l'engagement auquel je veux rendre hommage.
La réforme n'avait d'autre but que la modernisation et l'amélioration des conditions d'exercice du métier ; de nouveaux statuts ont ainsi été créés ou adaptés ; mais l'ensemble reste en devenir, si bien que le moral des hommes est contrasté. À la grande fierté qu'inspire l'accomplissement des missions s'associe, parfois, le sentiment d'un manque de reconnaissance ou un doute quant au fait de savoir si les réformes courageuses et difficiles qui ont été mises en oeuvre suffiront. En tout cas, nous devons la vérité à ces hommes et à ces femmes, et c'est bien ce que j'attends du Livre blanc. C'est parce que l'on avait clairement annoncé, il y a quatre ans, les objectifs de fermeture d'implantations que l'on a pu les atteindre : en indiquant le chemin à suivre à long terme, nous aidons les intéressés à s'y préparer moralement. J'ajoute que, dans la mise en oeuvre des réformes, l'armée de l'air a parfaitement maîtrisé sa masse salariale : j'en suis d'autant plus fier que c'était loin d'être évident.
Les défis et les axes de modernisation sont de plusieurs ordres.
Le premier, selon les objectifs du Livre blanc, concerne notre aviation de chasse, à travers le Rafale d'une part et la rénovation du Mirage 2000D de l'autre. S'agissant du Rafale, je viens d'inaugurer le troisième escadron. Il est vrai qu'en 2003, nous en prévoyions le double ; mais il est inutile de se lamenter. Quoi qu'il en soit, je ne puis m'avancer, aujourd'hui, sur la date d'ouverture du prochain escadron – mais elle est sans doute assez lointaine. Quant à la modernisation du Mirage 2000D telle qu'elle avait été définie en 2008, elle est plus que jamais d'actualité. Pourquoi ne pas tirer parti du grand potentiel de cette flotte, qui montre encore toute son efficacité ? Nos alliés britanniques ne font d'ailleurs pas autre chose avec les Tornado et les Eurofighter, même s'ils investissent, hélas, dans le F-35JSF américain. Il en va de même pour les Italiens. Quant aux Allemands, ils disposent de l'Eurofighter et du Tornado.
S'agissant des ravitailleurs, il est temps d'enclencher une véritable dynamique, si possible au niveau européen, comme y tend d'ailleurs une initiative en la matière. Les nouveaux ravitailleurs nous permettraient de régler non seulement le problème du ravitaillement en vol, qui est crucial, mais aussi celui du transport stratégique. Il ne m'appartient évidemment pas de prendre parti sur les futures décisions, mais les produits choisis par le Royaume-Uni, les Émirats Arabes Unis et l'Arabie saoudite correspondraient tout à fait, par leur polyvalence, à nos besoins.
Il est également urgent de renouveler les drones qui, acquis dans les années quatre-vingt-dix, sont en voie d'obsolescence, notamment au regard de leur système informatique, dont la puissance équivaut à un dixième de celle d'un iPhone.
Nous avons aussi un besoin urgent de l'A400M. Je suis très optimiste sur la capacité de notre industrie à nous fournir un avion qui, sans être parfait dès son entrée en service, sera opérationnel et, de toute façon, perfectible, comme ce fut le cas avec le Rafale. Ce besoin est crucial, non seulement au regard de notre considérable déficit capacitaire, mais aussi pour préparer l'avenir en formant les hommes. L'année 2013 sera donc critique pour l'armée de l'air. Je rappelle aussi que la France sera le premier pays à posséder cet avion. Certaines difficultés se posent, sans doute ; mais n'en va-t-il pas ainsi pour tous les grands projets ? Nous payons probablement le prix d'une telle ambition, mais je reste optimiste, encore une fois, sur l'aboutissement de cette réalisation que l'armée de l'air est prête à s'approprier, comme le montre le récent rapport d'information fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat sur le suivi de l'A400M. Sur ce sujet, nous travaillons d'ailleurs avec nos partenaires britanniques, et dans une moindre mesure allemands, pour assurer une mise en service dans les meilleures conditions.
Enfin, ma plus grande préoccupation reste la disponibilité des matériels, dont dépendent nos capacités opérationnelles, sans parler des effets sur le moral des hommes. En Libye, le taux de disponibilité de nos avions de chasse avait atteint 90 à 95 %. Aujourd'hui, cette disponibilité s'échelonne, selon l'âge des flottes, de 40 à 60 % environ. Elle est du ressort de l'industrie étatique et privée comme de la compétence des personnels, et s'avère nécessaire pour former nos jeunes pilotes et entretenir ces compétences. Elle est donc, elle aussi, un outil majeur de cohérence, et conditionne la bonne gestion de nos flottes à long terme. L'utilisation plus fréquente d'avions tels que le Rafale, en plus de générer des surcoûts, hypothèque l'avenir de ces avions. Je rappelle que certaines de nos flottes ont quarante ou quarante-cinq ans d'âge. Il y a donc un équilibre subtil à trouver entre les différents paramètres : je me sens aussi une responsabilité de gestionnaire en la matière.
Je conclurai en insistant sur la dimension humaine. Les hommes et les femmes que je rencontre sur le terrain constituent le plus bel investissement pour l'avenir, car la plus-value qu'ils représentent est sans commune mesure avec les dépenses consenties.