Intervention de général Jean-Paul Paloméros

Réunion du 17 juillet 2012 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

général Jean-Paul Paloméros, chef d'état-major de l'armée de l'air :

Vous avez raison, madame la députée, d'insister sur la nécessité du maintien en condition opérationnelle, lequel recouvre à la fois l'entretien programmé des matériels et la main-d'oeuvre.

L'ensemble des équipes travaille actuellement de concert sur l'A400M. Dans le passé, certaines flottes ont posé problème car la réflexion en amont sur le maintien en condition opérationnelle était restée insuffisante, si bien que les difficultés et les impasses ne s'étaient révélées qu'après la mise en service. La définition technique de l'A400M évolue, comme évoluent, dans le même temps, les conditions de soutien. La difficulté est d'assurer une cohérence entre le maître d'oeuvre industriel, Airbus military, et les motoristes. La disponibilité des flottes doit-elle être globalement assurée par un seul maître d'oeuvre ? L'ensemble des moteurs utilisés sur les appareils de la défense nationale doivent-ils au contraire relever d'une responsabilité distincte ? Personnellement je serais plutôt favorable à cette solution, mais le sujet mérite débat. Un contrat est en cours de négociation ; nos amis Britanniques, avec qui nous l'avons préparé, avaient initialement opté pour le long terme, avant de se rallier à nos positions : s'agissant d'un appareil moderne, mieux vaut en effet attendre les retours d'expérience pour permettre des évolutions si nécessaire. En tout état de cause, les premiers avions devraient être opérationnels à la fin de 2013, avant une montée en puissance, avec une dizaine d'appareils, d'ici à la fin de 2014 ou au début de 2015. Notre pays a assuré un soutien constant au programme de l'A400M, y compris dans ses phases les plus difficiles ; ce n'est pas au moment où ce programme est sur le point d'aboutir qu'il faut baisser les bras.

En 2002 et 2003, nous avions constaté une baisse constante de la disponibilité. Le phénomène tenait, en premier lieu, à une diminution des crédits ; or, s'agissant du maintien en condition opérationnelle, la bonne politique est la constance, puisqu'il s'agit d'investissements : rien n'est pire que le non-respect des objectifs fixés. Nous avions cru, à cet égard, que le service de la maintenance aéronautique, devenu en 2008 le service industriel de l'aéronautique (SIAé), avait un véritable avenir. Lorsque ce service a dû chercher un nouveau tuteur, l'armée de l'air s'est proposée, mettant ainsi ses compétences et ses ateliers au service de l'efficacité. Dans cette optique, la Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense (SIMMAD) va prochainement déménager à Bordeaux, afin de se rapprocher du commandement du soutien des forces aériennes (CSFA). Il convient aussi d'appliquer cette logique de synergie avec les industriels, qui doivent comprendre que la maîtrise des coûts de maintenance est notre intérêt commun. Cela dit, les besoins ont été un peu sous-estimés – peut-être volontairement –, si bien que nous cherchons toujours à combler le déficit structurel initial. Cette expérience doit nous servir de leçon pour la prochaine loi de programmation : nous avons désormais tous les éléments en main pour évaluer au mieux le coût du soutien de nos flottes, ce qui n'était pas forcément le cas à l'époque des premières livraisons du Rafale. En tout cas, les ateliers industriels de l'armement constituent un très bel outil auquel je crois beaucoup.

Quant aux drones, M. le ministre de la défense, qui rencontrera ses homologues le 24 juillet prochain au Royaume-Uni, s'est engagé à fixer des orientations d'ici à la fin du mois : sur ce sujet complexe, qu'il juge prioritaire, il est logique de prendre le temps de la réflexion, même s'il n'existe guère d'options alternatives. En tout état de cause, les impératifs de court terme doivent s'accompagner d'une vision de long terme qu'il nous faut à présent définir. L'Europe, et en particulier la France, dispose de tous les moyens nécessaires au développement des drones ; mais encore faut-il passer aux actes. Au fond, les sommes consacrées à ce projet depuis dix ans sont restées très modestes. Je rappelle aussi que nous disposons déjà d'un escadron de drones à Cognac ; l'un d'entre eux a d'ailleurs participé aux opérations liées au défilé aérien du 14 juillet dernier, ce qui est une première mondiale. Nous avons donc toutes les compétences pour utiliser ces appareils.

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