Notre commission et sa présidente, vous l'avez compris, monsieur le ministre, s'intéressent beaucoup à la question ukrainienne depuis le début de cette législature. Mon parti – actuellement dans l'opposition – et moi-même avons été aux côtés de la révolution Orange, dès 2003, et avons travaillé avec les gouvernements ukrainiens successifs. Lorsque j'étais secrétaire d'État chargé des affaires européennes, nous avons même constitué un groupe des amis de l'Ukraine pour essayer d'obtenir des transformations économiques, ce qui était très difficile à l'époque.
Mon parti a voté en faveur d'une résolution, qui a d'ailleurs recueilli la majorité des voix, dans laquelle nous demandons la levée des sanctions contre la Russie. Pourquoi avons-nous, après réflexion, adopté cette position ? Parce que nous avons le sentiment que la situation intérieure en Ukraine ne permet pas d'aboutir au vote de la loi nécessaire pour accorder l'autonomie aux régions de Donetsk et de Lougansk tout en les gardant à l'intérieur de l'Ukraine. Dès lors, nous, Français, et notre économie sommes en quelque sorte devenus les otages de nos propres sanctions – je vous dis les choses très franchement. Il y a un problème russe évident, avec la présence de forces russes dans l'est de l'Ukraine, qu'il faut pousser vers la sortie. Mais il y a un autre problème : le fait que nous n'arrivons pas à obtenir ce texte. Dans cette situation, les sanctions peuvent continuer à s'appliquer ad vitam æternam et un climat de guerre froide va s'imposer de plus en plus en Europe. Nous n'aurons absolument rien réglé, et il y aura un risque éventuel d'escalade.
La solution à la crise est sur la table, avec les accords de Minsk : retrait des forces russes, vote de la loi par la Rada, déploiement des moyens de l'OSCE. Malheureusement, pour l'instant, il n'y a d'évolution ni d'un côté, ni de l'autre. Nous sommes en attente d'un geste fort de l'Ukraine, non seulement sur le plan économique – il y a, à cet égard, une évolution –, mais surtout sur le plan politique, avec le vote de ce texte. Il reviendra alors à la diplomatie française et européenne de favoriser la concordance entre ce geste du côté ukrainien et un geste du côté russe. J'espère que vous saurez nous convaincre, monsieur le ministre.