Intervention de Gilbert Collard

Réunion du 8 juin 2016 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilbert Collard :

Nous sommes au coeur de la question ontologique : quel est le devenir de l'être ? Sera-t-il marchandisable ou non ?

Dans ce contexte, l'alternative est simple : agir ou ne pas agir. Car le débat d'idées ne changera rien. On peut parler de maternité de substitution ou de gestation pour autrui : la querelle des mots traduit l'inquiétude de l'inconscient. Nous savons, que nous le voulions ou non, que la marchandisation du corps est devenue possible ; nous devrions tous avoir l'honnêteté de le reconnaître, quel que soit notre point de vue sur la question.

La chose n'est pas nouvelle : sous le Bas-Empire, des contrats de droit privé sur les esclaves affranchis permettaient la location de leur ventre. Cela montre que la location du ventre est liée à l'esclavage, par la possibilité de disposer du corps d'autrui.

Nous devrions réfléchir à ce problème ontologique, à l'heure où l'on cherche de plus en plus, à juste titre, à protéger la dignité de la personne.

La GPA, la convention de grossesse, la maternité de substitution – peu importe le terme – s'apparente du point de vue financier aux contrats de portage. C'est horrible ! Qu'on le veuille ou non, quelle que soit l'honnêteté dont chacun fait preuve dans la discussion, il s'agit d'acter le principe de séparation entre la grossesse et tous les liens psycho-affectifs qui lui sont associés. Dès lors, le capital humain devient un capital marchand.

Or les lois agissent sur la structuration des mentalités ; de sorte qu'en laissant exister, même de manière théorique, la possibilité de louer un ventre, on introduit dans les esprits l'idée que l'on fait « boutique mon corps » – comme on pouvait dire, à propos de la prostitution, « boutique mon c… ».

Bien sûr, il y aura des gens honnêtes, des familles désemparées, désespérées, dont il faut prendre la souffrance en considération. Mais il y aura aussi tous les escrocs, tous les financiers, tous les rapaces qui essayeront de tirer parti de la souffrance des uns pour faire le profit des autres.

Nous devons donc nous montrer très fermes, sans nous lancer des leçons de morale au visage : il n'y a pas ici de méchants et de gentils, de purs et d'impurs, mais une recherche, dans un monde en devenir qui est un peu effrayant.

Par conséquent, nous avons tout intérêt à aller dans le sens des rapporteurs.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion