La loi de programmation militaire de 2008 est construite sur l'hypothèse — et hypothèque — déraisonnable de l'exportation du Rafale. Nous sommes donc à présent contraints de trouver des mesures de grande échelle afin de pallier à court terme les déficits de son exportation dans les délais prévus. Nous faisons tout notre possible pour promouvoir cet avion de combat qui fonctionne bien, qui est polyvalent et qui a fait ses preuves, non seulement en Libye mais également en Afghanistan et aux Émirats Arabes Unis. L'armée de l'air ne dispose cependant pas à cet effet d'une organisation spécifique : elle n'en a pas les moyens et telle n'est pas sa mission. Elle répond donc à ce besoin de soutien à l'exportation par son action quotidienne et par la présence de son chef d'état-major dans ces pays. Ainsi ai-je convaincu mon homologue des Émirats Arabes Unis, m'appuyant sur l'exemple du Koweït et l'opération menée en Libye, que le Rafale fonctionnait très bien et avec suffisamment de puissance par 50 °C. Cela nous a d'ailleurs donné l'occasion de travailler sur le juste besoin.
Oui, l'armée de l'air française reçoit des Rafale. Mais il ne suffit pas de se faire livrer des Rafale, encore faut-il avoir les moyens d'en assurer la maintenance à long terme. Le bénéfice que tire l'armée de l'air de ces livraisons est donc relatif. Il importe qu'un plan réaliste soit établi et que l'on s'y tienne afin de bien intégrer ces outils dans nos forces. Construire un escadron de combat, ce n'est pas rien ! Il y a quinze jours, j'ai eu le plaisir d'ouvrir dans de bonnes conditions le troisième escadron de Rafale de l'armée de l'air à Mont-de-Marsan, qui plus est en lui redonnant le nom prestigieux de Normandie-Niemen. Dans l'absolu, il nous serait possible d'en ouvrir un quatrième d'ici à quelques années ; mais il reviendra à mon successeur de déterminer si les conditions pour le faire sont réunies.
Non, je ne me réjouis pas que le Rafale ne se soit pas encore exporté et nous faisons tout pour favoriser l'exportation de cet avion de qualité, qui a du reste été sélectionné en finale en Inde, après avoir éliminé des avions américains et russes ainsi que l'Eurofighter. Nous en sommes à présent au stade des négociations détaillées, toujours très difficiles. En tout état de cause, très peu d'avions de combat s'exportent aujourd'hui dans le monde, comme l'illustre le cas de l'Eurofighter. Sur tous les marchés extérieurs, c'est malheureusement le futur F35 américain, notamment choisi par le Japon et plusieurs pays européens, qui s'exporte alors qu'il n'est pas tout à fait certain qu'il réponde au juste besoin de ces pays. Vu son coût, en effet, il est peut-être surdimensionné et doit encore faire ses preuves, à la différence du Rafale.
Je rappelle enfin que le Brésil et les Émirats Arabes Unis n'ont pas encore décidé de renouveler leur aviation de combat. Le Rafale, dont ils connaissent les performances puisqu'ils en ont testé tous les aspects, n'a donc pas vraiment été définitivement évincé par ces pays.