Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je veux d'abord vous remercier de m'avoir invité devant votre commission en ma qualité de président de l'association des dix villes qui accueilleront les matchs de ce quinzième championnat d'Europe de football, présenté comme la troisième plus grande manifestation sportive au monde.
Notre association a été très étroitement associée à la préparation de l'événement au sein d'un comité de pilotage regroupant l'État, les représentants de l'UEFA, EURO 2016 SAS, et la Fédération française de football. Présidé par le ministre de l'intérieur et par le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, il s'est réuni régulièrement.
L'association des villes hôtes a d'abord eu à négocier avec l'UEFA, ce qui n'a pas toujours été très facile. Nous avons obtenu – et c'est, semble-t-il, la première fois pour une manifestation de ce type – qu'un fonds d'héritage soit mis en place : doté de 20 millions d'euros, il a bénéficié aux dix villes hôtes pour le financement d'équipements sportifs de proximité. Nous avons eu à négocier les conditions de location des stades puisque l'UEFA, puissance organisatrice des matchs, est responsable de ce qui se passe en leur sein. Enfin, nous avons eu à négocier la participation des partenaires locaux puisque l'UEFA, dans un premier temps, ne souhaitait pas qu'ils soient associés aux actions de communication sur les sites, dans les stades ou les fan zones : nous avons obtenu que quatre d'entre eux soient intégrés.
L'essentiel de notre travail a été mené avec le ministre de l'intérieur, à l'échelon global, et avec les préfets, pour chacune des villes, dans une ambiance de coopération très étroite.
Une première circulaire nous a été adressée en mars 2015 pour définir l'organisation des fan zones, dans une volonté de concilier sécurité et dimension festive. Dès cette date, leur cadre a été établi : des espaces fermés et contrôlés, ouverts à tous et gratuits tout en étant sécurisés. Cette même circulaire comportait des dispositions facilitant le recrutement d'agents de sécurité avec la mise en place de formations qualifiantes.
Des mesures complémentaires étaient prévues, en tant que de besoin. Elles consistaient en la mise en place dans les fan zones de dispositifs de vidéo-surveillance, de portiques de détection des métaux, de consignes pour déposer les bagages et de palpations de sécurité à l'entrée – ce qui a supposé le recrutement d'agents de sécurité dont les effectifs sont composés d'hommes et de femmes à parité.
Les attentats du mois de novembre nous ont amenés à revoir ce dispositif. Une deuxième circulaire nous a été adressée au mois de février 2016. Elle élargissait les mesures déjà prévues à des fonctions de préfiltrage, d'accueil, d'information et d'orientation à l'extérieur même des fan zones ainsi qu'à l'amélioration de la mobilité, de la circulation et du stationnement. Toutes nos villes ont renforcé leurs offres de transports collectifs et mis en place des plans de circulation, arrêtés en étroite concertation avec les préfets, aux abords non seulement des stades mais aussi des fan zones.
Enfin, nous avons veillé à l'attractivité des programmes d'accompagnement se traduisant dans les fan zones par des projets culturels, artistiques, sportifs, destinés à associer tout au long de la journée le plus grand nombre possible de participants à ces événements que nous voulons festifs. C'est une manière aussi d'étaler dans le temps les entrées et les sorties.
Ces mesures de sécurité ont un coût. Les coûts initiaux à la charge des villes avaient été chiffrés à 12 millions d'euros. Les mesures complémentaires ont abouti à un doublement de cette estimation : le surcoût de 12 millions a été intégralement compensé puisqu'il a été pris en charge par l'État à hauteur de 8 millions d'euros, et par l'UEFA à hauteur de 4 millions d'euros.
À ce jour, nous ne relevons pas de difficultés à pourvoir les postes d'agents de sécurité. Précisons que les personnels des stades et des fan zones ainsi que les bénévoles ont fait l'objet d'un criblage dans les fichiers du ministère de l'intérieur avant toute délivrance d'accréditation.
En regard des coûts, j'aimerais souligner que, selon une étude du Centre de droit et d'économie du sport de l'université de Limoges – commandée par l'UEFA, il faut le préciser –, les retombées économiques de l'Euro 2016 s'élèveraient à 1,2 milliard d'euros : 800 millions au titre des dépenses de visiteurs et 400 millions au titre des marchés passés avec les entreprises pour la réalisation des équipements. Par ailleurs, cet événement aurait généré 20 000 emplois pour la construction et la rénovation des stades et mobilisé 94 000 personnes.
Si vous me le permettez, j'évoquerai maintenant le dispositif de sécurité avec l'exemple de la ville de Bordeaux, que je connais mieux.
La fan zone sera installée sur la place des Quinconces, au centre de la ville. Pour l'organiser, nous avons lancé un appel d'offres qui a été remporté par le club des Girondins de Bordeaux.
Par ailleurs, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, nous avons fortement renforcé l'offre de transports. Surtout, nous avons pris des mesures assez drastiques d'interdiction de la circulation et du stationnement tout autour du stade, bien sûr, mais aussi de la fan zone : c'est tout l'espace de part et d'autre de la place des Quinconces qui sera totalement neutralisé. Les riverains ne sont pas des plus enthousiastes, mais nous gérons cela en proposant des solutions de remplacement pour le stationnement.
Un dispositif de 230 agents de sécurité chargés de la palpation doit permettre un écoulement de 30 000 personnes à l'heure. L'objectif est évidemment de faire en sorte que tout le monde n'arrive pas en même temps et que les animations sur le site permettent un étalement du flux.
Mes collègues et moi-même avons écrit aux ambassadeurs, aux consulats et aux fédérations sportives nationales qui nous avaient indiqué leur intention d'organiser des points de rassemblement pour accueillir les supporters de leurs équipes lors des matchs que celles-ci joueraient. Nous leur avons indiqué que ces rassemblements devaient obligatoirement se faire à l'intérieur des fan zones. Voilà qui étaie l'argument selon lequel en l'absence de fan zones les choses se passeraient ailleurs, sur les places et dans les lieux publics – il faudra être très vigilant, bien entendu. Un arrêté restreignant la vente à emporter des boissons alcoolisées des quatrième et cinquième groupes sera pris aujourd'hui ou demain par le préfet.
Présidant son conseil de surveillance, qui se réunissait la semaine dernière, j'ai pu vérifier que le centre hospitalier universitaire (CHU) était mobilisé et que toutes dispositions avaient été prises, aux urgences, pour faire face à l'augmentation de la fréquentation à laquelle les médecins s'attendent compte tenu de l'augmentation de la fréquentation de la ville elle-même – et ce indépendamment de l'hypothèse d'attentats, dont nous souhaitons tous qu'elle ne reste qu'une hypothèse. Les médecins ont même évoqué, très lucidement, l'augmentation du nombre de comas éthyliques qui nécessitent des mesures d'urgence. Le CHU est donc mobilisé.