Les questions sur la fan zone de Paris prolongent certains débats qui ont eu lieu au Conseil de Paris dont je connais tous les termes. Chacun le comprend bien, lorsqu'on organise une manifestation de cette nature, les discussions se déroulent avec ceux qui dirigent les collectivités parce qu'ils y ont la majorité. Cela n'empêche pas de répondre de façon extrêmement précise aux questions posées par ceux qui n'ont pas la majorité dans ces collectivités. Depuis maintenant plusieurs semaines, nous avons arrêté une méthode consistant à travailler avec l'association des villes hôtes et les maires pour fixer les dispositifs de sécurité, en tenant compte, par souci de pragmatisme et pour respecter les engagements pris par notre pays, des mesures décidées par les collectivités au cours des derniers mois, mais qui doivent être passés au crible des menaces nouvelles qui apparaissent.
Je tiens à apporter un certain nombre de précisions et je demanderai au préfet de police de les compléter en indiquant les effectifs à Paris et à Saint-Denis.
Monsieur Goujon, la France a déposé un dossier de candidature qui l'engage devant ses partenaires. Nous avons intérêt à nous y conformer, autant que faire se peut, parce que d'autres échéances, qui renvoient au rayonnement de la France, sont à venir : l'organisation des jeux Olympiques en 2024 et l'Exposition universelle en 2025. Nous raisonnons donc en tenant compte des interrogations qui sont exprimées dans un certain nombre de conseils de collectivités locales mais aussi des engagements pris par la France.
En 2009, dans le dossier de candidature de la France, une page complète était consacrée aux fan zones, et aux conditions dans lesquelles elles seraient organisées. Les engagements pris à l'époque – et je pense qu'ils étaient bons puisqu'ils ont permis à la France d'obtenir l'organisation de cette compétition – ont donc vocation à être respectés rigoureusement par l'actuel gouvernement en tenant compte de la menace. Aucun risque supplémentaire n'a été pris.
Vous faites état de menaces concernant la tour Eiffel dans le cadre de l'Euro 2016. Je démens totalement cette information ; elle n'est jamais arrivée jusqu'à moi. Il faut prendre toutes les précautions mais il ne faut pas inventer des menaces là où elles n'ont pas été formulées. Une menace générale pèse sur l'Europe et sur la France. Je le redis très clairement devant votre commission, si des informations précises concernant des menaces précises sur tel match ou tel lieu étaient portées à ma connaissance, j'adapterai, bien entendu, en liaison avec les maires, le dispositif de sécurité à ces menaces.
Je le rappelle, nous avons mis en place une structure qui fonctionne 24 heures sur 24 pendant toute la durée de la compétition afin que nous puissions, en liaison avec les services de renseignement étranger, affiner les éléments d'information dont nous disposons sur la menace. Cette cellule d'analyse des risques, qui rassemblera l'ensemble des services de renseignement – intérieur et extérieur – et qui assurera l'interface avec les autres services de renseignement, est précisément destinée, parce que nous sommes responsables et mobilisés, à adapter le dispositif en fonction des menaces qui se présenteraient.
S'agissant du CNAPS, j'ai eu plusieurs contacts avec son président ainsi qu'avec le délégué interministériel à la sécurité privée ; à aucun moment la suppression des fan zones n'a été demandée ; au contraire, le CNAPS a fortement coopéré au recrutement des agents de sécurité privée.
M. Goujon, Mme Kosciusko-Morizet et M. Lellouche me posent une question faisant référence à la note du préfet à laquelle il faut répondre avec une extrême précision.
Dans un ministère qui fonctionne normalement, les préfets qui font leur travail adressent des notes au ministre pour faire part des craintes que suscite le dispositif prévu et proposer des adaptations de celui-ci. Qu'il y ait des esprits suffisamment chafouins ou tordus dans une période particulièrement difficile comme celle que nous vivons pour diffuser ces notes à des journalistes, plus ou moins bien intentionnés, c'est vieux comme le ministère de l'intérieur mais, dans le contexte particulier que connaît notre pays, c'est condamnable et contraire à l'intérêt national. L'exploitation de cette note par certains acteurs politiques n'est pas non plus très glorieuse. Après qu'elle a été reçue, les dispositifs ont été adaptés, le préfet de police s'est exprimé. Brandir une note de manière dramatique et ignorer les précautions qui ont été prises pour en tenir compte, voilà une tactique qui s'inscrit bien dans la ligne des prophètes autoréalisateurs de malheur. Mais moi, je ne peux pas me comporter comme un prophète autoréalisateur de malheur, d'abord parce que je ne souhaite pas le malheur et parce que je prends des précautions dans un contexte extrêmement difficile pour que les choses se passent bien. Nous le faisons avec beaucoup d'humilité car nous n'ignorons rien de la difficulté de l'exercice et de la méticulosité de chaque instant qu'il demande. On pourrait souhaiter que, dans un contexte aussi difficile et alors que l'image de la France est engagée, chacun préfère que nous réussissions en faisant bloc pour affronter la difficulté au lieu de choisir une autre stratégie.
Voilà pour le cadre général. J'ai rehaussé les moyens dont dispose le préfet de police de Paris. Il y avait des choix à faire : je les ai faits, j'ai pris mes responsabilités. J'ai parfaitement conscience, mesdames et messieurs les députés, au vu du festival de mises en garde auquel j'assiste depuis quelques jours, que s'il devait y avoir le moindre problème, je serai en première ligne pour en rendre compte. C'est ma responsabilité, je l'assume totalement. Je prends les décisions qui doivent être prises dans l'exercice difficile auquel nous nous livrons.
Pour témoigner de la méticulosité avec laquelle les choses sont faites, je vais laisser le préfet de police répondre précisément sur la répartition des effectifs à Paris et à Saint-Denis, autour des fan zones et des stades.