Pour répondre à Mme Pochon sur le Stade de France, le dispositif arrêté pour la finale de la Coupe de France n'était pas un dispositif au format Euro 2016, sur lequel six tests, qui ont parfaitement fonctionné, ont été réalisés. Le dispositif au format Fédération française de football souffrait de manquements par rapport aux préconisations de l'Euro 2016. Premièrement, le dispositif de signalement des entrées du stade était défaillant ; il n'a rien à voir avec celui qui sera mobilisé pour l'Euro. Deuxièmement, le dispositif d'entrée a été revu après la réunion que j'ai organisée avec les responsables de l'UEFA et de l'État afin de fluidifier l'entrée des supporters dans le stade et faire en sorte que les palpations de sécurité se passent dans des conditions bien meilleures, sans pression de la file d'attente sur les agents de sécurité privée. Par ailleurs, nous avons mis en place un système de préfiltrage et de filtrage différent de celui qui prévalait pour la Coupe de France. Nous avons là encore mobilisé des forces de sécurité intérieure pour parer à toute éventualité au moment de la sortie et assurer la fluidité de celle-ci vers les transports en commun, qui seront aussi sécurisés à Saint-Denis.
La question de Mme Untermaier sur le déplacement des risques repose sur l'idée que de nombreux moyens étant mobilisés sur l'Euro 2016, des incidents risquent d'avoir lieu ailleurs. C'est le cas tous les jours. Il faut bien comprendre dans quelle situation nous nous trouvons et comment nous sommes obligés de travailler, au ministère de l'intérieur notamment. Tous les jours, sur la base de l'analyse de la menace et des informations concernant des groupes ou des individus qui peuvent se livrer à des actes criminels au nom d'organisations terroristes, nous procédons à des interpellations, à de la judiciarisation et à des incarcérations, grâce à un travail très étroit entre la direction du renseignement, la direction centrale de la police judiciaire et le parquet antiterroriste de Paris. Nous ne rendons pas publiques ces interpellations pour les nécessités de l'enquête et parce qu'il appartient aux procureurs de le faire. Ce que je peux vous dire, c'est qu'au cours des dernières semaines, plus particulièrement depuis le début de l'année 2016, pour des raisons tenant à l'efficacité des enquêtes conduites par les services de renseignement, nous procédons tous les jours – je dis bien tous les jours – à des interpellations qui la plupart du temps donnent lieu à une procédure judiciaire. Dès lors que nous ne sommes pas en mesure, avec 320 000 policiers, de mettre des policiers dans toutes les rues et devant toutes les maisons de France – cela ne suffirait d'ailleurs pas à assurer la sécurité face au risque terroriste –, nous travaillons sur le renseignement. Je rappelle qu'un nouveau dispositif de positionnement des forces spécialisées d'intervention au plan national a été mis en place et que l'articulation des conditions d'intervention des forces primo-arrivantes, des forces spécialisées et des forces de sécurisation des lieux, a été revue. Par conséquent, nous agissons sur la totalité des moyens du ministère de l'intérieur pour assurer une efficacité dans la lutte antiterroriste. Mais, je le redis parce que c'est la vérité – et nul, dans la responsabilité qui est la mienne, s'il est honnête, ne pourrait vous dire autre chose –, ce travail ne garantit pas à 100 % que nous puissions éviter un attentat pour les multiples raisons sur lesquelles j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer devant la commission d'enquête relative aux attentats de 2015.
Le Centre de coopération policière internationale a plusieurs objectifs. Le premier est d'échanger au maximum l'information entre les forces de police spécialisées notamment dans la lutte contre le hooliganisme ; ensuite, il s'agit de mettre hors d'état de nuire, avant qu'ils ne nuisent, ceux qui représentent un danger et qui sont inscrits au FPR. Nous voulons faire un travail préventif important. Les 24 pays participant à l'Euro comptent chacun six représentants, deux d'entre eux resteront au Centre, les autres seront dans les stades lors des matchs des équipes des pays dont ils sont originaires. Parmi ces policiers se trouvent ce qu'on appelle des « spotters », qui connaissent les supporters à risque de leur pays et qui auront à les identifier afin qu'ils ne commettent pas d'infractions.
Enfin, s'agissant de la sécurité civile, le dispositif est extrêmement important. L'organisateur pour les stades et le maire de la commune pour les fan zones mettent en place un dispositif prévisionnel de secours, en étroite liaison avec l'État. Ce dispositif, qui est le même pour tous les grands rassemblements, a été testé à l'occasion d'exercices – à Bordeaux et dans d'autres villes. Il est destiné à porter les premiers secours aux victimes mais aussi à intervenir en cas de malaise ou de difficultés liées à l'alcoolisation – même si la consommation du bordeaux à Bordeaux ne conduit pas à un état d'ivresse justifiant la mobilisation des services de sécurité civile puisque le bordeaux ne se boit pas, il se déguste.
En complément de ce dispositif de droit commun, le ministère a mobilisé d'autres moyens et donné d'autres instructions aux services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) pour adapter leur dispositif opérationnel compte tenu de l'événement.
Une colonne de renfort de 70 sapeurs-pompiers sera positionnée aux abords de chaque stade ; ce dispositif sera pris en charge par le ministère au titre des renforts nationaux. Un hélicoptère de la sécurité civile sera prépositionné à moins de quinze minutes de vol de chaque stade ou fan zone. La posture opérationnelle des SDIS sera renforcée les jours de match et d'activation des fan zones pour tenir compte de l'augmentation de l'activité opérationnelle. Des renforts en personnel dans les centres d'incendie et de secours et des systèmes de garde postée au lieu des astreintes sont prévus. Et 80 à 140 militaires de la sécurité civile, selon les phases de la compétition, viendront en renfort des moyens locaux.
Le risque nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique a également été pris en compte. Cinq véhicules d'identification et de prélèvement seront prépositionnés à Paris, Metz, Lyon, Marseille notamment. Quarante-neuf unités mobiles de décontamination seront également prépositionnées, 14 à Paris, 8 à Marseille, 5 à Lyon et Lille, 3 à Nice, Nantes et Strasbourg ainsi que 2 à Toulouse, Bordeaux, Rennes et Metz. Enfin, 13 lots de prise en charge de nombreuses victimes seront prépositionnés dans les villes hôtes. Pour garantir la réactivité des secours en cas de besoin, un poste de commandement opérationnel sera installé dans chaque stade et chaque fan zone. Un commandant des opérations de secours sera prédésigné, quels que soient les événements, pour accueillir et coordonner l'ensemble des secours.