Je vous remercie pour votre invitation ; c'est un plaisir et un honneur de m'exprimer devant vous ce matin.
L'IRSTEA est, à l'instar des grands organismes de recherche que sont, par exemple, le CNRS ou l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), un établissement public scientifique et technologique. De taille intermédiaire, il compte 1 500 personnes, réparties sur neuf sites en France, et son champ d'expertise est assez large. Nous revendiquons cependant un positionnement un peu particulier puisque nous intervenons en appui des politiques publiques, qu'il s'agisse de l'État ou des collectivités territoriales. Nous travaillons sur une échelle de temps intermédiaire, compatible avec la décision publique. Notre devise pourrait être : « Connaître pour agir ». En effet, nous cherchons à comprendre les phénomènes afin d'accompagner les pouvoirs publics au plan de la prévention et de la prévision.
Nous intervenons dans trois domaines.
Le premier est celui de l'eau ou, plus précisément, de l'eau de surface continentale. Ce domaine recouvre tout d'abord les risques naturels : inondations – nous y reviendrons –, avalanches, laves torrentielles et chutes de rocs. Nous développons ainsi des outils de prévision des crues pour des organismes tels que le Service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision des inondations (SCHAPI). Nous intervenons également, au titre de la prévention, sur les digues et les barrages, qu'il s'agisse de leur conception, de leur résistance ou de leur positionnement par rapport au risque à couvrir. Par ailleurs, nous établissons une cartographie des avalanches et nous intervenons sur les infrastructures de protection. Mais nous nous intéressons également au développement de la montagne en tant que telle, puisque nous étudions l'évolution des stations de ski et de leur modèle économique sous l'angle de l'enneigement. L'IRSTEA est l'un des organismes de référence de l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA). À ce titre, nous étudions le bon état écologique de ces milieux, en définissant les indicateurs et les méthodes destinés à l'évaluer, et nous allons jusqu'à leur restauration, grâce à l'ingénierie écologique.
Notre deuxième domaine d'intervention est constitué des écotechnologies. Outre l'épuration dans le domaine aquatique, nous nous intéressons aux agro-équipements. Dans ce cadre, nous étudions l'utilisation des pesticides dans l'agriculture sous l'angle de la pulvérisation, du suivi – en lien direct avec la politique de l'eau – des pollutions diffuses d'origine agricole et de l'expologie, c'est-à-dire l'étude des risques liés à la pulvérisation des pesticides pour les applicateurs et les riverains. Nous intervenons également dans le domaine de l'agriculture de haute précision, qui consiste à utiliser des capteurs et la télédétection pour délivrer la bonne dose au bon endroit, qu'il s'agisse de l'irrigation, de l'épandage d'engrais ou du traitement à l'aide de pesticides.
Enfin, notre troisième domaine d'intervention est l'accompagnement du développement territorial à travers la télédétection, le suivi des problèmes de gouvernance territoriale, la gestion des conflits d'usage, notamment autour de l'eau, les feux de forêt et la biodiversité terrestre.
Notre spécificité tient au caractère pluridisciplinaire de nos recherches. Nos personnels relèvent, du reste, de deux statuts distincts : certains d'entre eux appartiennent au corps de la recherche, d'autres sont des ingénieurs de l'État. Nous sommes ainsi en mesure de traduire les résultats de la recherche de manière directement opérationnelle grâce à l'élaboration de modélisations, d'outils et de méthodes, lesquels sont souvent repris sous l'angle réglementaire par l'État.
Notre champ d'intervention est donc très étendu, et nous nous efforçons de faire au mieux, dans un contexte où les moyens sont contingentés, pour appuyer l'État, la Commission européenne et les collectivités territoriales.
Je vais maintenant laisser la parole à Pierrick Givone, pour qu'il vous présente le mode d'intervention de notre institut, l'apport de la recherche et la manière dont nous nous mobilisons, au service de l'État et des collectivités, au cours d'épisodes de crue tels que celui que nous connaissons actuellement.