Intervention de Jean-Marc Bournigal

Réunion du 8 juin 2016 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Jean-Marc Bournigal, président du conseil d'administration de l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture :

Je vous propose d'aborder maintenant la question des pesticides. Dans ce domaine, l'IRSTEA n'intervient pas sur le volet agronomique, qui relève de la compétence de l'INRA. Il s'intéresse essentiellement à l'application des pesticides, c'est-à-dire à la manière dont on peut limiter leur utilisation en apportant la bonne dose au bon endroit et dont on peut assurer la protection des utilisateurs et de ceux de nos concitoyens qui se trouvent à proximité des zones agricoles. Nous élaborons donc des outils capables d'évaluer la dérive des pesticides lors de leur pulvérisation et, pour limiter cette dérive, nous travaillons sur les pulvérisateurs eux-mêmes, en particulier sur leurs têtes. Nous avons également développé des bancs d'essai qui permettent de mesurer la performance des différents outils. On a pu ainsi s'apercevoir que l'efficience de la pulvérisation pouvait varier du simple au double selon le type de pulvérisateur utilisé, une grande partie des pesticides pulvérisés se dispersant parfois davantage dans l'air ou sur le sol que sur les feuilles à traiter.

Par ailleurs, nous cherchons à déterminer la quantité de produit utile. Ainsi, nous préconisons d'adapter le dosage des pesticides au stade de développement des feuilles. En effet, la réglementation actuelle fixe une dose par hectare indépendamment de la quantité de végétation à traiter. Or, conjuguée à l'utilisation des matériels les plus performants, l'adaptation de la dose au stade de développement des feuilles traitées permettrait d'aboutir assez rapidement à une réduction très importante, de l'ordre de 20 % à 30 %, des pesticides, et d'atteindre ainsi les objectifs assignés par l'État. Dans ce domaine, nous travaillons notamment avec l'Institut technique de la vigne et du vin, car la viticulture est l'un des secteurs où ces produits sont le plus utilisés, qui plus est dans des zones habitées.

C'est pourquoi nous cherchons également, dans le cadre de ce que l'on appelle l'expologie, à améliorer la protection des applicateurs. Pour ce faire, nous mesurons précisément, à l'aide de petits capteurs, l'exposition des agriculteurs aux pesticides en fonction du type d'outils qu'ils utilisent et de la manière dont ils travaillent, et nous testons leurs combinaisons et les cabines de protection. Nous mesurons également, bien entendu, l'effet des dérives sur les riverains – ce qui nous permet d'adresser certaines préconisations à l'État – ainsi que la pollution diffuse. Nous sommes ainsi parvenus à définir la longueur que doivent avoir les bandes enherbées situées le long des rivières pour réduire le plus possible la quantité des pesticides ou des nitrates qui se retrouvent dans les cours d'eau.

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