À la différence de Nemours, la commune de Seine-et-Marne dont je suis le maire a été épargnée par la crue. Néanmoins, je souhaiterais vous faire part de l'expérience que j'ai vécue lors des inondations qui l'ont affectée en 2002 et en 2006. Cette commune est, en effet, traversée par un affluent de la Marne, la Beuvronne, qui outre qu'elle est un bassin-versant, recueille les eaux de pluie de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, dont le bassin de rétention contient 1,3 million de mètres cubes.
Après ces inondations, j'ai pris les devants, en agissant en « bon père de famille ». De fait, la loi sur l'eau nous impose, pour le curage d'une rivière, de respecter un certain nombre de procédures. Or, les études préalables à l'opération sont très longues. J'ai néanmoins pris la décision de procéder au curage de la Beuvronne, curage qui n'avait pas été effectué depuis trente ou quarante ans, de sorte que son débit hydraulique était très faible. Nous avons ainsi supprimé les seuils, créé des bassins de retenue des eaux et conclu un accord avec l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle afin que des capteurs soient installés et que le débit de fuite dans la rivière soit régulé par un relâchement dynamique des eaux de pluie.
Aujourd'hui, hélas ! les cours d'eau ne sont plus entretenus, faute de gardes-rivières et de cantonniers, et les paysans eux-mêmes ne prennent pas toujours le soin de tracer leurs sillons parallèlement aux rivières pour ralentir les eaux de ruissellement. Il faut revenir aux techniques anciennes ! (Murmures) En outre, les présidents des syndicats de rivière ont des moyens limités. Ainsi, mon syndicat n'avait pas les moyens de stocker les boues de curage dans un établissement de classe 2 ; elles ont donc été laissées sur les berges, ce qui aurait pu me valoir des poursuites judiciaires. En tout cas, le résultat est là : la semaine dernière, la Beuvronne n'a pas débordé, mais il s'en est fallu de peu. Si je n'avais pas fait réaliser ces travaux, ma commune aussi aurait été inondée.