Intervention de Général Grégoire de Saint-Quentin

Réunion du 1er juin 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Grégoire de Saint-Quentin, commandant du commandement des opérations spéciales :

S'agissant des Caracal, nous avions effectivement identifié des faiblesses au niveau de la filtration des entrées d'air, ce qui endommageait les turbines attaquées par le sable et la poussière. Nous avons pris des mesures d'adaptation et aujourd'hui je n'ai plus vent de problème d'usure excessive des turbines. Plus largement, dans la bande sahélo-saharienne, nous armons un plot important d'hélicoptères regroupant des Caracal et des Cougar, afin d'être toujours en mesure de disposer d'un minimum de machines pour agir. Toutefois, cet objectif n'est pas toujours satisfait, car notre disponibilité dépend de nombreux éléments, en particulier la maintenance. Dans ce domaine, l'armement de certains postes clés n'est pas toujours complétement réalisée – je pense notamment aux documentalistes, qui vérifient toutes les opérations de maintenance – et cela impacte notre disponibilité malgré le dévouement exemplaire de nos maintenanciers.

Les NH90, quant à eux, sont armés par les forces conventionnelles dans le cadre de l'opération Barkhane. Si je ne dispose pas de beaucoup de retours d'expérience, il s'agit néanmoins d'un hélicoptère plus récent, qui est donc nativement plus performant. Je n'ai pas été alerté quant à des problèmes de filtration mais le 1er RHC serait plus à même que moi de vous répondre. Au-delà, le NH90 n'a pas été pensé pour les forces spéciales, et certains équipements manquent, j'en ai parlé. Nous menons des discussions au sein des armées et avec la DGA afin d'améliorer les choses. À titre d'exemple, en matière de radar, il faudrait disposer de meilleures capacités en matière d'imagerie infrarouge frontale (FLIR), permettant une observation lointaine des obstacles et de l'ennemi, et de se poser sans visibilité, par nuit noire et dans la poussière, en toute sécurité. Il faudrait également déplacer l'armement de sabord afin de libérer l'accès aux portières, essentiel pour les commandos.

En matière de communications, j'ai demandé à ce que nous soyons capables de maintenir une liaison satellite avec nos Caracal et nos Cougar, car lorsque nous effectuons un raid de 1 500 kilomètres dans la nuit, il suffit que le C-130 ne soit pas en mesure de faire relais pour perdre la liaison. Or, une telle situation me préoccupe à double titre, d'abord parce que la mission peut évoluer en cours d'action, ensuite parce que nous ne pouvons pas être avertis immédiatement s'ils rencontrent un problème mécanique. Une telle situation n'est pas satisfaisante et des adaptations sont actuellement à l'étude chez les industriels. Au risque de me répéter, lorsque les choses ne sont pas anticipées dès le départ, le processus d'adaptation est long et coûteux. Des améliorations doivent également être apportées en matière d'aérocordage et d'armement. Toutefois, il est important de le souligner, même si le NH90 n'a pas été conçu à l'origine pour les forces spéciales, il s'agit d'une plateforme récente, en service dans le reste des armées, ce qui permet de mutualiser la maintenance. C'est essentiel alors que notre armée demeure de dimension modeste en projection. Le même dispositif permet de recourir aux mêmes mécaniciens.

Quant au C-130, nous nous interrogeons sur la possibilité de tirer le meilleur parti de son endurance en lui ajoutant la capacité de pouvoir délivrer ponctuellement une munition de type missile. Il ne s'agit pas d'en faire un bombardier.

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