Dans le cas que j'évoquais, le travailleur n'est pas encore salarié. Par exemple, si le chauffeur a un statut d'autoentrepreneur et désire faire requalifier sa situation de travail en travailleur salarié – ce que commence d'ailleurs à faire l'URSSAF –, est-ce que vous allez accepter de le conseiller, de l'accompagner, voire de le prendre comme adhérent ? Admettons maintenant que les 10 000 chauffeurs Uber adhèrent à l'UNSA. Trouveriez-vous légitime que ces travailleurs soient comptés comme des adhérents dans les élections professionnelles et les mesures de représentativité ? La question est d'autant plus importante que les règles ne peuvent pas « tomber » du Parlement : à un moment donné, il faudra que les solutions émergent depuis les acteurs de terrain, pour que l'on sache par qui ces travailleurs sont représentés. Nous avons néanmoins l'intuition que, même si ces travailleurs ne sont pas des salariés, ils sont économiquement dépendants et que l'organisation la mieux à même de les défendre est un syndicat de salariés plus qu'un syndicat d'employeurs.