Monsieur le président, ce n'est pas un rappel au règlement, mais un rappel à l'histoire. La Polynésie française a été colonisée par les Français au XIXe siècle et, plus précisément, comme ce fut le cas avec les Anglais, qui étaient déjà présents, par des missionnaires religieux. Ils ont été les porteurs de la civilisation française, riche en valeurs de toutes sortes que les Polynésiens ont faites leurs. L'une de ces valeurs est le christianisme, à telle enseigne que le 5 mars, date de l'arrivée de l'Évangile en Polynésie, est un jour légalement férié chez nous.
De par sa culture propre, la Polynésie est restée largement étrangère à certaines évolutions de la société française, notamment à l'émergence du militantisme public des mouvements visant la reconnaissance des personnes homosexuelles. Ceci peut aisément se comprendre, du fait que les homosexuels sont pour la plupart parfaitement intégrés dans la culture traditionnelle et moderne polynésienne et qu'ils n'ont jamais milité pour la reconnaissance d'un statut particulier lié à leur orientation sexuelle. Ce sont des hommes et des femmes comme nous, et non à part. Il est d'ailleurs notable que la revendication du mariage pour tous n'a pas véritablement trouvé d'écho en Polynésie.
Dans ce contexte, monsieur le président, la loi sur le mariage pour tous – d'autant qu'elle n'a pas fait chez nous l'objet d'un débat de fond par des spécialistes, qui auraient pu préparer les esprits à une évolution non revendiquée et venue de l'extérieur – apparaît comme une rupture avec l'équilibre ancestral de la société polynésienne et prend le risque de heurter profondément les consciences.
L'imposer serait agir en néocolonialistes : cela servirait les partisans de l'indépendance et, en particulier, l'actuel président de la Polynésie qui ne cesse de montrer du doigt la France à l'ONU, à cause de tels comportements.
Je m'opposerai donc à l'article 1er.