Nous assumons la responsabilité des cartouches insérés dans le rapport, mais ce n'est pas l'expression du Haut Comité : il s'agit de la restitution du compte rendu de diverses opérations par le commandement. Nous illustrons ainsi l'engagement de la gendarmerie nationale après le crash de Germanwings, celui de la BSPP dans certaines missions, celui des militaires à Charonne, qui sont intervenus de leur propre initiative. Ces derniers, stationnés dans la mairie du onzième arrondissement, étaient en quartier libre. Le jeune gradé, qui n'était pas en uniforme, entendant des détonations, est retourné en courant à la mairie et a rameuté ses camarades. Le commandement a indiqué que la police voyant ces militaires se placer en protection a été rassurée. Nous ne prenons pas partie. Le Bataclan, c'est autre chose. Nous ne nous sommes pas penchés sur l'ensemble de ces interventions.
S'agissant de la question des OPEX et OPINT, il existe deux cas de figure : dans l'un, les unités réalisent beaucoup d'OPINT et dans l'autre, elles alternent les deux, au prix de grands efforts. Ce n'est sans doute pas souhaitable dans la durée, au point de vue du moral. Cette situation existait déjà avant le déclenchement de Sentinelle : certaines unités sont, par vocation, davantage mobilisables pour des OPEX que d'autres. Il faut veiller à un certain équilibre. Le sujet forme un tout avec celui de la préparation opérationnelle.
Certains matériels, Monsieur Candelier, sont en effet fatigués. Nous avons eu l'occasion de nous rendre en janvier 2015 au 40e régiment d'artillerie, qui a été parmi les premiers à être mobilisé pour Sentinelle. Il ne restait au corps que quatre véhicules : un camion et trois véhicules tout terrain. Le reste était soit au parc, soit en réfection, soit mobilisé pour l'opération. Cela ne peut manquer d'avoir des effets sur le moral.
De notre point de vue, la bonne et juste condition militaire n'est pas une fin en soi : c'est la mission qui prime. Les conditions d'exercice de la mission sont très importantes. Aucun militaire, je pense, ne souhaite être revalorisé au détriment des matériels et de la préparation opérationnelle. Nous savons que ce que nous proposons en termes de condition militaire pèse sur les budgets mais nous ne souhaitons pas un effet de « cannibalisation » de l'équipement ou de la formation par les rémunérations.
Le reclassement, Monsieur de la Verpillière, est un sujet que nous avons commencé d'évoquer dans notre rapport sur la situation des militaires du rang. Toutefois, les mesures que nous proposons ne concernent pas seulement ces derniers, mais aussi les sous-officiers et les officiers. Tous les officiers ne peuvent devenir colonels, chefs de corps, mais tous rendent des services estimés et doivent pouvoir poursuivre des carrières dans la fonction publique civile. Il n'est pas normal qu'un sapeur-pompier de la BSPP, l'élite de la profession, quand il passe, s'il le peut, dans un SDIS soit regardé comme s'il était un sapeur-pompier volontaire. En tant qu'ancien directeur général de l'administration et de la fonction publique, je suis profondément choqué par cette situation. Certains SDIS sont fermés aux sapeurs-pompiers de la BSPP.