Intervention de Bernard Lapasset

Réunion du 8 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Bernard Lapasset, co-président du comité de candidature Paris :

Je suis ravi de vous retrouver pour vous présenter le dispositif pour la candidature de Paris 2024. Je suis accompagné de M. Michael Aloisio, directeur général adjoint, et de Mme Sophie Lorant, directrice des relations internationales.

Pour atteindre l'objectif de cette candidature à l'organisation des jeux Olympiques (JO), à savoir gagner, le dispositif a été modifié en profondeur par rapport aux candidatures précédentes. Tirant les enseignements du passé, il répond à trois exigences : le mouvement sportif et les athlètes au coeur et à la tête du projet, l'unité de l'ensemble des acteurs et un soutien politique fort, ainsi qu'une stratégie de promotion internationale. Ces grands principes ont été posés avec Valérie Fourneyron il y a près de deux ans lorsqu'elle était ministre de la jeunesse et des sports. Nous avons mis en évidence les erreurs que nous avions peut-être commises dans le passé pour en tirer les enseignements mais aussi pour donner un élan nouveau au regard des exigences du Comité international olympique (CIO). Je tiens à remercier Mme Fourneyron car c'est grâce à elle que nous disposons des outils nécessaires et que nous pouvons avancer.

Pour réunir les éléments clés d'une candidature réussie, le projet doit d'abord être responsable – c'est-à-dire qu'on ne s'engage pas à la légère, qu'on a pris en compte toutes les données de faisabilité budgétaire ainsi que les contraintes économiques. Le projet doit également délivrer un message sur l'excellence environnementale – alors que la COP21 s'est achevée il y a quelques mois, nous nous devons d'en tenir compte dans la stratégie que nous mettons en place pour donner un sens à une candidature de cette importance. Ensuite, le projet doit être spectaculaire et donner l'image la plus forte possible de ce que porte la candidature de Paris. Celle-ci ne renvoie pas seulement à la ville, mais aussi à la région Ile-de-France, ainsi qu'à l'ensemble des métropoles et des territoires qui vont porter ce projet. Marseille a été retenue pour la partie nautique ; ce choix a été fait par les athlètes, par ceux qui connaissent le mieux les métiers de la voile. Choisir une métropole comme Marseille donne un sens à notre candidature et une force supplémentaire. Enfin, ce projet doit laisser un héritage. Thomas Bach, le président du CIO nous l'a dit, ce qui lui importe, ce n'est pas forcément la période des Jeux – les dix-sept jours de sport olympique et les onze jours de sport paralympique – mais l'héritage que Paris laissera dans l'histoire des Jeux en 2024. Quelle histoire sommes-nous capables de raconter aux jeunes générations dont les pratiques ne correspondent pas à nos références en matière de sport ? Les enfants aujourd'hui, à partir de cinq ou six ans, sont tous connectés. Quelle sera l'image du sport en 2024 ? Que fera-t-on pour convaincre les jeunes de pratiquer le sport à leur façon, y compris en intégrant les nouvelles technologies ? Quelle image pouvons-nous renvoyer du monde de demain dans le projet des JO en France en 2024 ?

Je prends un exemple: 1924 est une date importante puisque c'est la dernière fois que les Jeux ont eu lieu en France. Mais, c'est aussi une révolution dans le monde olympique, car, grâce à la tour Eiffel, les jeux Olympiques ont été radiodiffusés. Pour la première fois, ils ont pu être appréciés par le plus grand nombre. Il faut renouer avec cette histoire. Nous avons conservé les valeurs de l'olympisme, nous sommes déterminés à avancer.

Pour ce faire, nous devons aussi promouvoir la candidature française auprès de chacun des membres du CIO. C'est là que vous pouvez intervenir. Nous avons besoin d'une stratégie internationale forte, qui permet de toucher l'ensemble des membres du CIO individuellement. Ces derniers sont aujourd'hui au nombre de 91 ; après Rio, ils seront 95, représentant une cinquantaine de pays dans le monde. Nous devons pour chacun d'entre eux connaître sa culture, son histoire, son vécu sportif, son activité professionnelle, ainsi que sa façon de ressentir les Jeux et ce qu'il en attend.

Cette démarche fait partie de la compétition avec les quatre villes candidates. Sachons reconnaître les vertus de chacune des quatre villes candidates. Certains font des commentaires, nous n'en ferons pas. Chaque ville candidate est partie pour gagner et cherche à mettre les meilleurs atouts de son côté pour y parvenir. Il est important de savoir comment exprimer cette envie de gagner en mettant en valeur notre diversité, notre force et notre créativité.

S'agissant du calendrier, le 7 octobre, a lieu le dépôt du deuxième dossier de candidature. Le CIO doit rendre aujourd'hui ses conclusions sur le premier dossier. Le deuxième dossier aborde les questions d'organisation, la méthode de travail et les garanties. Nous allons commencer à parler chiffres avec le CIO. Enfin, un troisième dossier de candidature devra être déposé le 3 février 2017. Il comportera des éléments sur les équipements notamment. La date fatidique, c'est le 13 septembre 2017 à Lima. Nous présenterons, avec les autres villes candidates, notre dossier. C'est ce jour-là que le CIO votera pour choisir la ville qui accueillera les Jeux.

Nous travaillons par étapes et dans plusieurs directions. Nous avons commencé par unir le mouvement sportif. C'est fait. Toutes les fédérations nationales et internationales reconnaissent aujourd'hui la valeur du projet de Paris 2024. Deuxième étape, la stratégie politique. J'ai rencontré l'ensemble des partis politiques dotés d'un groupe parlementaire pour leur présenter le dossier ; nous devons aller un peu plus loin aujourd'hui. Troisième étape, l'action auprès des entreprises : nous avons créé un club d'entreprises – le Président de la République est venu lui-même inaugurer le dispositif qui comprend douze chefs d'entreprise parmi les plus grandes entreprises françaises. Le monde économique est partie prenante, pas simplement en termes financiers mais aussi dans la construction du projet. Chaque entreprise doit proposer un projet qui apportera des éléments spécifiques dans la candidature et dans l'héritage. Enfin, nous commençons à travailler avec les maires : nous les avons rencontrés lors du congrès de l'Association des maires de France. 80 % des maires ont déjà répondu favorablement pour soutenir la candidature de Paris 2024. La cinquième étape sera la grande concertation que nous allons lancer auprès des Françaises et des Français dans les différentes métropoles. Nous avons rencontré Jean-Michel Baylet pour commencer à travailler sur les territoires et les régions dans le but de porter un message le plus fort possible.

Enfin, à l'étranger, nous avons besoin du soutien des parlementaires. Nous devons définir une stratégie dans chacun des 56 pays dont sont issus les membres du CIO. Nous devons être présents, montrer ce que nous pouvons faire mais aussi savoir écouter et comprendre quelle image de la France ces derniers souhaitent voir. Qu'attendent-ils de la France ? Quels sont les projets sur lesquels nous pouvons échanger – les projets d'accompagnement économiques, sportifs, culturels ? Tous les éléments comptent. La relation individuelle avec les membres du CIO, fondée sur l'échange et la réciprocité, fait partie du dispositif d'accompagnement international indispensable. Nous élaborons avec Michael Aloisio et Sophie Lorant des supports que nous vous proposerons comportant des éléments d'information afin d'accompagner vos contacts avec chacun des membres. Nous devons travailler en ligne directe de façon à ne pas commettre d'erreurs et à éviter des situations un peu conflictuelles, comme nous en avons connues dans le passé. La stratégie internationale de la France peut aussi, selon des modalités à déterminer, donner une force supplémentaire à la candidature.

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