Intervention de Philippe Vinogradoff

Réunion du 8 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Philippe Vinogradoff, ambassadeur pour le sport :

Pour mémoire, l'appui à la candidature de Paris s'inscrit dans la diplomatie sportive mise en place depuis deux ans. Je vais essayer de ne pas déflorer le rapport qui va être présenté ensuite.

La diplomatie sportive telle qu'elle est définie par ma lettre de mission, c'est une méthode de travail au service de deux objectifs principaux. Cette méthode consiste à mobiliser, coordonner et mettre à disposition nos réseaux à l'étranger, le réseau diplomatique mais aussi le réseau culturel, les Instituts, les Alliances françaises, les établissements français à l'étranger. Le premier objectif poursuivi est de promouvoir l'accueil par la France de grands événements sportifs internationaux, en étant aux côtés des fédérations et du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) pour définir les stratégies et les objectifs des candidatures, en assurer la publicité et la promotion à l'étranger des candidatures ainsi qu'en faciliter la réalisation – l'octroi de visas pour les athlètes ou les dirigeants. Nous veillons également, avec nos grands opérateurs, notamment Atout France, aux retombées économiques et à la valorisation de nos territoires lors de la tenue de grands événements sportifs.

Second objectif, il s'agit, en sens inverse, de promouvoir le savoir-faire français en matière de grands événements sportifs internationaux – en particulier, les entreprises françaises spécialisées dans l'organisation des grands événements sportifs –, là encore en coopération avec nos grands opérateurs, Business France mais aussi la filière sport, la direction générale du Trésor, le ministère chargé des sports, l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP) et Expertise France, tous les acteurs qui interviennent dans le savoir-faire français en matière de sport.

Nos postes peuvent servir à identifier les opportunités dans les pays étrangers, à faire remonter les informations et à construire des stratégies pour en tirer parti ; ils contribuent à accueillir et à appuyer les entreprises du sport sur place ; ils doivent mettre en valeur, lorsqu'il n'y a pas d'opportunité précise, l'expertise française au travers de séminaires, d'expositions ou de débats.

Dans ce cadre, la candidature de Paris aux JO 2024 occupe évidemment une place très importante. Comment l'ambassadeur pour le sport et le ministère des affaires étrangères et du développement international peuvent-ils aider à cette candidature ?

Comme vous le savez, un référent sport a été nommé dans l'ensemble des postes que nous comptons dans le monde. Dans chaque ambassade, un des agents est notre correspondant. Dès sa constitution, nous avons établi avec le groupement d'intérêt public (GIP) Paris 2024 une relation très étroite afin de mobiliser le réseau diplomatique. En novembre 2015 et à nouveau en mars 2016, nous avons adressé une note diplomatique à l'ensemble des postes pour expliquer la candidature et le calendrier, ainsi que ce qu'il était possible de faire et ce qui ne l'était pas. Comme l'a dit M. Lapasset, avant février 2017, la promotion internationale de la candidature n'est pas permise.

Que peuvent faire les postes ?

Avant février 2017, leur rôle consiste à faire de la veille stratégique. Ils doivent analyser la perception du pays dans lequel ils se trouvent quant à la candidature de Paris et aux autres candidatures – les postes situés dans les pays concurrents ont un rôle tout spécial à jouer.

Ils doivent identifier les réseaux de décideurs, resserrer les liens avec eux, veiller à ce que font sur place les candidatures concurrentes, et faire remonter les informations vers moi et vers le comité. Ceux qui ont sur leur territoire un ou des membres du CIO doivent nous fournir des informations pour nous aider à cerner la personnalité et les centres d'intérêt de ces derniers. Avant février 2017, nous leur avons demandé de veiller à associer les décideurs, et éventuellement les membres du CIO, toujours dans le respect des limites fixées par le comité olympique, aux événements organisés par l'ambassade – expositions, festivals, cocktails, sans lien avec la candidature jusqu'en février 2017. Ils doivent nous signaler les visites sur place des membres du CIO et, pour ceux qui comptent des membres dans leur circonscription, veiller à leur faciliter les déplacements, notamment leur accorder des visas de circulation pour qu'ils n'aient pas besoin de se présenter tous les trois mois à l'ambassade pour obtenir un visa. Ils doivent créer le « buzz », le bruit de fond selon l'expression de Sophie Lorant, c'est-à-dire organiser des débats, des séminaires, des expositions ou des manifestations autour de thèmes comme la France et le sport, les valeurs du sport, la France et l'olympisme, tout ce qui a un rapport mais n'a pas de lien direct avec la candidature. Ils doivent évidemment appuyer les missions de Paris 2024 qui se rendent sur place.

Après février 2017, on change de dimension. En accord avec les règles du CIO, qui seront précisées à ce moment-là, toujours en étroite coopération avec Paris 2024, les postes pourront s'engager plus directement dans l'appui à la candidature de Paris à travers du lobbying, des opérations de sensibilisation, et l'explication du dossier – les atouts de la candidature, sa philosophie, sa vision de l'héritage, sa contribution au développement durable –, mais aussi en mobilisant l'ensemble du réseau français sur place, y compris les communautés françaises. À cet égard, je souligne que l'expérience que nous sommes en train d'acquérir avec l'Euro 2016 nous aidera dans la définition de politiques de communication en faveur de Paris.

Sophie Lorant et moi-même, qui représentons la direction internationale de Paris 2024, nous réunissons régulièrement pour échanger des informations. Je communique au comité l'emploi du temps de nos ministres afin qu'il comité puisse élaborer des éléments de langage pour un déplacement à l'étranger. Nous pouvons suggérer d'inviter ou d'intégrer des sportifs lors de déplacements des autorités. Enfin, nous nous réunissons pour définir des stratégies vers l'étranger. Dernièrement, une réunion a été organisée avec l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) pour envisager comment mobiliser le réseau des établissements d'enseignement français à l'étranger, qui est unique. Nous allons commencer à le faire dès septembre prochain en donnant à la journée du sport une coloration – autant que les règles du CIO le permettent – Paris 2024.

En conclusion, l'Assemblée nationale, et la commission des affaires étrangères en particulier, peuvent nous apporter beaucoup dans la promotion de la candidature de Paris au travers des groupes d'amitié, des missions et des contacts, avant février 2017 pour créer ce « buzz » favorable à la candidature, et ensuite, de façon plus appuyée.

Dans cette optique, il serait utile de nous tenir informés de vos déplacements afin que nous puissions vous fournir des informations et des éléments de langage. Vous aiderez également beaucoup les postes à mobiliser les communautés françaises à l'étranger avec lesquelles vous entretenez un lien tout particulier.

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