Intervention de François Rochebloine

Réunion du 8 juin 2016 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Rochebloine, rapporteur :

Je voulais commencer par dire que j'avais été très heureux de travailler sur cette mission. Tout le monde connaît ma passion pour le sport, mais l'aborder sous un angle diplomatique aura été très enrichissant. Je suis plus convaincu que jamais que c'est un secteur qui a été trop longtemps négligé, méprisé parfois même. Pourtant le sport est une activité populaire, qui porte des valeurs essentielles et sa pratique augmente dans le monde. C'est donc un élément à prendre en considération.

D'après l'OCDE, l'économie du sport représenterait près de 2 % du PIB mondial soit environ 1 200 milliards d'euros. Les activités sportives ont connu, entre 2000 et 2007, une croissance nettement plus rapide que la croissance mondiale. Malgré un ralentissement, la progression reste sensible, avec une croissance anticipée à 4 % entre 2011 et 2015. Ce dynamisme en fait un des secteurs les plus porteurs de l'économie mondiale, stimulé notamment par deux grands facteurs :

– le développement des classes moyennes, consommatrices (de biens et services, de loisirs, de tourisme etc.),

– le choix effectué par un certain nombre de pays d'investir dans le sport comme moyen de développement économique et de développement international au travers de l'accueil de grands évènements médiatisés.

Le marché des seuls grands évènements sportifs est évalué entre 45 et 50 milliards d'euros par an avec des pays qui investissent massivement dans ce secteur pour les bénéfices en termes d'image et de rayonnement qu'il procure. Vous trouverez dans le rapport des exemples (Qatar, Russie, Chine).

En France, le marché représenterait environ 275 000 emplois et un chiffre d'affaires de 37 milliards d'euros par an c'est-à-dire près de 1,8 % du PIB du pays.

Or, l'ensemble des revenus et emplois générés par le sport constitue un ensemble bien plus vaste que ceux liés aux seules entreprises du secteur sportif : architecture, BTP, énergie, transports, gestion des flux, solutions de sécurité, environnement, télécommunication, assurances, billetterie, restauration collective, gestion des infrastructures, organisation d'événements, formation et encadrement etc.

Cet enjeu économique, il est aujourd'hui bien identifié par de nombreux pays et en France aussi. A cet égard, il était très intéressant d'aller au Japon voir ce qu'il en était de leur stratégie diplomatique sportive et de notre diplomatie économique sur place.

Je veux insister sur la prise de conscience de l'importance du sport par tous les acteurs français, notamment, depuis trois ans, par notre diplomatie d'influence. Un ambassadeur pour le sport a été nommé en octobre 2013. Peu après, le 14 janvier 2014, un plan d'action a été dévoilé pour assoir la place du sport dans la diplomatie économique et d'influence de la France, élaboré et présenté conjointement par la rapporteure alors la ministre des Sports et le ministre des Affaires étrangères.

La mobilisation du secteur diplomatique, coordonnée par l'ambassadeur désigné pour le sport, a cinq objectifs : améliorer l'attractivité du territoire français en matière de grands événements sportifs ; accroître le nombre de représentants de la France dans les instances sportives internationales ; promouvoir le français en tant que langue officielle du mouvement olympique ; diffuser nos positions sur l'éthique dans le sport ; positionner les entreprises françaises sur les marchés liés au sport à l'étranger.

Pour la mise en oeuvre, rapidement des instructions ont été données à l'ensemble des ambassadeurs en poste à l'étranger pour qu'ils prennent davantage en compte le sport dans leur pays de rattachement, avec un plan à produire dans les trois mois, et qu'un référent sport soit systématiquement désigné. Ce réseau de référents existe désormais. Un vade-mecum pour les postes diplomatiques pour renforcer leurs connaissances du monde du sport a été élaboré avec le ministère des Sports et le mouvement sportif et il est régulièrement mis à jour. Les opérations conduites dans les postes sont de plus en plus nombreuses, en lien notamment avec l'Euro 2016.

Le lien avec le secteur économique s'est construit, à l'étranger comme en France. Au Qatar, la communauté d'affaires française s'est fédérée autour de l'initiative de French Team 4 Sport au Qatar pour proposer une offre d'excellence dans le domaine du sport, en prévision notamment de la Coupe du monde 2022. Parallèlement, un premier club Sport, public cette fois, a été installé au Japon en mars 2014 pour réunir les entreprises de la filière dans ce pays qui accueillera les Jeux olympiques et paralympique en 2020 (et la coupe du monde de rugby en 2019). Des conventions bilatérales ont été conclues.

Toutes ces évolutions peuvent s'appuyer sur un dispositif national de diplomatie économique restructuré et porté désormais par un ministère des Affaires étrangères ET du développement international. Une démarche « sport à l'export », visant à fédérer les entreprises et les partenaires de l'export sur des marchés cibles, se traduit par l'organisation annuelle des Rencontres Internationales Grands Événements Sportifs par Business France. Depuis le 24 avril 2015, les ministres de l'Économie, des Sports et du Commerce extérieur, ont lancé la préfiguration d'une filière sport dans l'objectif de structurer le secteur afin de permettre aux entreprises françaises de prendre pleinement part à la croissance générée par l'économie du sport au niveau mondial. Le contrat de filière a été élaboré entre les mois d'avril 2015 et de mars 2016 sous la responsabilité d'un groupe projet composé d'entreprises du secteur et des acteurs du mouvement sportif. Ces onze mois de travaux ont mobilisés plus de 110 acteurs, dont 76 entreprises, 12 fédérations et ligues sportives et 10 opérateurs publics.

Ce contrat prévoit quatre axes : le renforcement des coopérations entre les acteurs de la filière ; le renouvellement de l'écosystème du financement des équipements sportifs ; la promotion de l'innovation au sein de la filière sport ; la structuration de l'offre française à l'international.

Ce récapitulatif des changements intervenus au cours des trois dernières années atteste de cette prise de conscience collective qu'il faut désormais ancrer dans la durée. La démarche est nouvelle, elle s'appuie sur de très nombreux acteurs, ce qui pose évidemment des grandes difficultés, et elle essaie d'établir une continuité entre le territoire national et la diplomatie à l'étranger, ce qui en pose évidemment aussi. Le rapport fait donc état aussi bien des choses très positives à consolider que des fragilités à corriger.

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