Nous reprenons nos auditions dans le cadre de la commission d'enquête sur les conditions d'abattage dans les abattoirs français. Ce matin, nous avons le plaisir d'auditionner Stéphane Geffroy, auteur d'un livre remarquable intitulé « À l'abattoir ». À travers votre ouvrage et votre expérience, nous souhaitons connaître le vécu quotidien de quelqu'un qui travaille dans un abattoir depuis longtemps, vingt-cinq ans en l'occurrence. Tel est le sens de notre rencontre, dirais-je, puisqu'il s'agit d'un échange destiné à nous faire mieux connaître le quotidien des salariés des abattoirs.
Dans ce livre, vous relatez votre carrière au sein de l'abattoir de bovins de Liffré, qui appartient au groupe Société Vitréenne d'Abattage Jean Rozé (SVA Jean Rozé). Cet abattoir emploie 200 personnes et traite en moyenne 1 400 animaux par semaine, dont 200 selon le rituel halal. Vous êtes entré à l'abattoir de Liffré à l'âge de dix-neuf ans, sans formation spécifique, alors que vous étiez à la recherche d'un emploi d'appoint. Au bout de vingt-cinq ans vous y travaillez toujours et vous y êtes devenu délégué du personnel.
Dans votre ouvrage, vous évoquez « les images de mort et d'enfer » que vous avez eues dès votre entrée à l'abattoir de Liffré. Vous dénoncez « la foutue cadence » que subissent les ouvriers, un des facteurs de la pénibilité du travail en abattoir en plus des bruits, des odeurs, des charges et des postures qui engendrent des troubles musculaires et des maladies professionnelles. Si vous soulignez la pénibilité d'un travail « toujours aussi physique qu'autrefois », vous évoquez aussi sa pénibilité psychologique et les difficultés à en discuter avec les personnes étrangères au milieu.
Grâce à nos auditions, nous essayons d'être des personnes de moins en moins étrangères à ce milieu. Nous vous remercions de votre présence ce matin pour cette audition qui est diffusée en direct sur le portail de l'Assemblée nationale. Je vais vous laisser la parole pour que vous puissiez nous dire, en quelques minutes, quel est le sens de votre ouvrage et quel est le message que vous souhaitez faire passer.
Au préalable, conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958, je vais vous demander de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.