Les salariés des abattoirs font en effet partie d'une profession particulièrement à risque. Ils sont très mal formés, souvent mal équipés, souvent très mal encadrés. Les chiffres le prouvent, puisqu'ils connaissent deux à trois fois plus d'accidents du travail que dans les autres secteurs.
Par exemple, dans un abattoir Doux, le taux d'accidents du travail dépassait les 97 % ! Quand j'ai lu ce chiffre, j'ai pensé que ce n'était pas possible. J'ai vérifié et il était bien exact. Il est vrai qu'un abattoir est une zone dangereuse. Le sol est glissant : il y a du sang, de la graisse, des matériaux coupants, des grosses machines. Mais surtout, l'abattoir en question n'avait bénéficié d'aucune innovation technologique depuis plus de cinquante ans. De tels taux d'accidents du travail sont absolument inacceptables, là encore, les services de l'inspection du travail et de la Sécurité sociale devraient intervenir.
En ce qui concerne le recrutement, M. Hinard nous disait que l'abattoir dans lequel il travaillait faisait venir des salariés guinéens. C'est une pratique aujourd'hui extrêmement répandue, et ce sont des familles entières que l'on fait venir du Maroc, de Tunisie, de Roumanie, de Bulgarie, pour accomplir les tâches les plus ingrates dans les abattoirs, parce que personne n'a envie de les faire et que c'est très mal payé. Tout s'accumule : si vous êtes mal payé, mal formé, mal encadré et mal équipé, il ne faut pas s'attendre à trouver beaucoup de satisfaction dans votre travail. Et c'est tout de même un travail difficile, car un sacrificateur de bovins va égorger 500 vaches dans la journée, c'est son rythme de travail. Peut-être faudrait-il payer correctement la personne qui doit abattre ces 500 vaches dans la journée, parce qu'il se sacrifie pour le reste de la société.