Le bien-être animal au sein d'un abattoir ne peut être considéré dans l'absolu, mais doit être envisagé dans la perspective beaucoup plus large des relations socioprofessionnelles au coeur desquelles il se trouve. Non seulement il procède de la relation entre le travailleur au sein de l'abattoir et l'animal, mais il s'inscrit également dans un processus beaucoup plus long, qui commence dès l'élevage et se poursuit avec le transport. En effet, quand un animal arrive en abattoir, il a accumulé des « traces » et capitalisé parfois de la fatigue ou des blessures, autant de facteurs de « non-conformité » jusqu'alors latents, mais qui vont se cristalliser au moment de l'arrivée à l'abattoir. Ce qui se passe en amont est donc crucial.
Au sein de l'abattoir, le bouvier, chargé de réceptionner les animaux à leur arrivée, est le premier confronté, au-delà de la gestion du bien-être animal, aux conséquences des différents facteurs intervenus au cours de l'élevage et durant le transport, et qui se manifestent par des situations très variables. Dans les petits abattoirs de proximité notamment, il arrive que les éleveurs amènent leurs bêtes en ne tenant pas compte du planning d'abattage fixé au préalable, sans qu'on n'ose leur imposer de contrainte car ils participent au financement de l'abattoir contraint de se moderniser et de se remettre aux normes.