Intervention de François Hochereau

Réunion du 9 juin 2016 à 10h15
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

François Hochereau, sociologue à l'Institut national de la recherche agronomique, INRA :

En ce qui concerne les sacrificateurs, j'ai dit que, selon moi, c'était un problème majeur, en dehors de toute considération d'ordre politique ou religieux. Les fatwas indiquent certes qu'il faut respecter l'animal, réciter une prière et prendre son temps ; mais lorsque l'on observe les sacrificateurs en situation, on n'a pas toujours l'impression que c'est le cas… Ce qui est flagrant en revanche, c'est la différence de compétences de l'un à l'autre sur un poste qui nécessite pourtant beaucoup de technicité, un geste ferme et solide, sur un animal qui se débat et qu'il faut pouvoir maintenir en place.

Se pose ici la question du box rotatif. L'Angleterre a imposé que l'animal soit tué debout, mais une communauté – je ne la citerai pas pour ne stigmatiser personne – est totalement hostile à tout aménagement. Mary Temple Grandin a pourtant démontré qu'il était préférable qu'un animal ne soit pas tué la tête en bas. Vient ensuite la question de l'étourdissement pré- ou post mortem qui, là encore, rencontre l'opposition de certaines communautés religieuses. Au-delà donc de toutes ces techniques, il importe surtout que religieux et politiques se mettent autour de la table pour s'entendre sur les exigences requises en matière de formation des sacrificateurs. Cela vaut également pour l'abattage casher, même si celui-ci est mieux organisé. La grande différence avec l'abattage halal, c'est que le rabbin opère de manière moins intégrée dans la chaîne : on « loue » en quelque sort l'abattoir pour y pratiquer son rite, et l'abattoir reprend ensuite son activité normale. Par ailleurs, la viande casher est vendue beaucoup plus chère que la viande halal, ce qui permet de financer les coûts supportés par l'abattoir. La viande halal à l'inverse sert de marché de dégagement pour les abattoirs, qui peuvent vendre alternativement du halal et du conventionnel, même si la réglementation interdit désormais de mélanger les chaînes. Reste que l'abattoir qui produit du halal le vend au même prix que la viande conventionnelle alors que c'est un processus de production plus coûteux.

Quant à salarier les sacrificateurs, une mosquée a fait une tentative en ce sens mais ce n'est pas réellement à elles de le faire.

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