Intervention de Rudy Salles

Réunion du 1er juin 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRudy Salles :

À mon tour, je tiens à remercier M. Thiery, M. Saada et M. Viret pour leur venue ce matin devant notre commission. Nous sommes très attachés au pluralisme, et il nous paraît important que la représentation nationale rencontre régulièrement les différents acteurs qui composent notre paysage audiovisuel.

Les mutations culturelles et technologiques qui secouent notre quotidien se font plus particulièrement sentir dans notre relation à la culture, et l'évolution de la place de Canal+ dans le paysage audiovisuel français témoigne justement de ces mutations. Depuis 2012, on constate une forte érosion de la base d'abonnés, et le nombre de souscriptions nouvelles reste nettement inférieur à celui des résiliations. Le constat est sans appel : la chaîne « traditionnelle » Canal+ peine à garder ses abonnés, et Vincent Bolloré a récemment averti que les pertes ne pourraient pas être financées « indéfiniment ».

À ce jour, Canal+ diffuse environ cinq heures de programmes gratuitement, mais la tranche en clair du soir est fragilisée. Parallèlement, on évoque le retour du cryptage à l'ancienne : cela signifie-t-il la fin du clair sur Canal+ ? Cette tranche en clair était la vitrine de ce que l'on nommait l' « esprit Canal », qui mériterait sans doute aujourd'hui de se remettre en question.

L'environnement économique et concurrentiel est de plus en plus difficile avec l'arrivée de nouveaux acteurs comme BeIN Sports, Netflix et autres services de vidéos à la demande. Il est évident que le groupe Canal+ est la première victime de la concurrence de ces nouveaux services. Comment s'organise la riposte ? Les résultats de Canalplay sont-ils satisfaisants par rapport à ceux des services de VOD propres aux opérateurs – Bouygues ou Orange – ou à ceux du géant américain Netflix ? Canal+ étant un partenaire majeur pour le cinéma, le développement de ce nouveau service nous semble aussi indispensable que cohérent avec le soutien historique de Canal+ à la création.

Enfin, je ne pourrai conclure mon intervention sans évoquer la proposition de loi visant à renforcer la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias actuellement en navette entre le Sénat et notre assemblée. Vous n'êtes pas sans savoir que ce texte est directement lié à la question de l'indépendance éditoriale de Canal+ vis-à-vis de son actionnaire, le rachat du groupe par Vincent Bolloré ayant fait l'objet de vifs débats. Lors de l'examen de cette proposition de loi, nous avons estimé que ce texte témoignait d'une conception désuète de la mission de régulation dans un paysage audiovisuel bouleversé notamment par le développement de l'économie numérique et électronique ; pour autant, nous avons soutenu la mise en place de comités d'éthique. Si ce texte était adopté, quel serait son impact sur le fonctionnement de vos rédactions ?

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