Maxime Saada et Gerald-Brice Viret ont déjà balayé beaucoup des questions que vous aviez posées, mesdames, messieurs les députés, mais n'ont pas encore évoqué la proposition de loi qui porte votre nom, monsieur le président, ni la place du comité d'éthique au sein de notre groupe.
Toutes nos chaînes sont engagées au service d'une information indépendante, pluraliste et impartiale. Nous nous inscrivons dans les grandes orientations de votre proposition de loi, monsieur le président. Nous nous appuyons sur une charte, établie en 2002, qui prévoit expressément que le principe de la liberté éditoriale du groupe Canal+ est assuré en toutes circonstances. Ces dispositions ont été renforcées en 2008 par une charte d'éthique financière, qui garantit explicitement le pluralisme d'expression et la liberté éditoriale.
Nous avons également mis en place au début de l'année 2016 un comité d'éthique, dont les travaux ont déjà commencé. Nous avons proposé à six personnalités au parcours exceptionnel d'y siéger : Michèle Reiser, Jacqueline de Guillenchmidt, Colette Neuville, Jean-Marie Coulon, René Ricol et Jean-Marie Colombani. Ces deux derniers, je le précise, ont estimé plus sain de ne pas intégrer cette instance.
S'agissant d'iTélé, j'apporterai des précisions supplémentaires. L'information représente un tout petit marché : 3 % de parts d'audience, si l'on cumule celles de iTélé et de BFM. C'est un métier extraordinairement difficile et très coûteux : iTélé compte 200 journalistes. La diffusion de LCI sur la TNT gratuite et la création d'une chaîne d'information publique conduiront à une surabondance d'offres. La rentabilité sera un objectif difficile pour toutes ces chaînes, BFM mise à part, qui est la seule chaîne d'information à gagner de l'argent. Néanmoins, le groupe Canal+ souhaite conserver une chaîne d'information, comme l'a souligné le président du conseil de surveillance de Vivendi, Vincent Bolloré. Elle constitue un actif important pour notre groupe et il n'est absolument pas question de réduire les effectifs, comme certains l'ont dit. L'enjeu pour nous est de trouver un modèle rentable pour cette chaîne. Il est important à cet égard de l'intégrer dans le groupe Canal+ pour la faire bénéficier de tous les avantages qui y sont liés. Notre ambition est de ramener cette chaîne à l'équilibre. D'ici à un an, je rêve qu'elle ait pleinement développé ses contenus liés au sport, à la culture, et au cinéma, en prenant appui sur le digital – elle doit profiter de cette pépite qu'est Dailymotion.
Certains d'entre vous ont émis des doutes sur l'intérêt que nous portions aux investissements en France, que ce soit en matière de cinéma ou même pour la chaîne Canal+. Je voudrais réaffirmer avec force notre détermination à réussir en France. L'actionnaire de référence du groupe Vivendi, le groupe Bolloré, fêtera bientôt son bicentenaire. Il a toujours investi dans notre pays et se lance dans des investissements extrêmement coûteux de créations d'usines, et donc de création d'emplois, sur notre territoire. C'est à mon sens un argument supplémentaire pour vous rassurer sur nos intentions.
Nous croyons très sincèrement que, pour réussir en France, il faut renforcer l'intégration au sein du groupe Vivendi : cela nous permettra de diffuser les meilleurs contenus pour nos abonnés, de les exporter et d'accéder à un ensemble de canaux de distribution des opérateurs de télécommunication en France ou à l'étranger, lesquels correspondent à un besoin vital pour notre développement international, développement international que peu d'autres groupes de télévision dans notre pays sont susceptibles de mener à bien.
La situation de Canal+ n'est pas facile. Nous devons réinventer un modèle dans un monde qui connaît des mutations accélérées. Nous comptons nous développer en renforçant nos investissements dans la création française et en confortant l'exception culturelle française. Je sais que vous y êtes particulièrement attachés, mesdames, messieurs les députés, et je voulais vous convaincre aujourd'hui que nous l'étions aussi.