Intervention de Stéphane Richard

Réunion du 14 juin 2016 à 17h00
Commission des affaires économiques

Stéphane Richard, président-directeur général d'Orange :

Peut-être un problème particulier se pose-t-il quelque part, mais je rencontre beaucoup de gens contents d'avoir l'accès à la fibre, et pas uniquement dans les zones très denses. Plus d'un million de nos clients sont raccordés, et l'on partait de rien il y a trois ans. Que l'on parle de ce qui ne se fait pas ou pas assez vite, soit, mais n'oublions pas que l'on progresse. Nous investissons 650 millions d'euros chaque année dans ce domaine et, en 2016, nous allons pratiquement doubler le nombre de foyers raccordés à la fibre. Nous pouvons certainement améliorer nos relations avec les collectivités pour ce qui est des conditions de ce déploiement, mais l'essentiel est que le déploiement se fait, et dans les zones denses et dans les zones AMII, et qu'il va s'accélérer fortement dans les zones RIP, avec la participation d'Orange dans certains cas.

Pour connecter des objets, il faut un réseau bas débit. Actuellement, on utilise pour l'essentiel les réseaux cellulaires 2G. L'expérimentation que nous avons faite dans quatorze agglomérations raccordées au réseau LoRa, spécifique à l'internet des objets, a bien fonctionné ; nous avons pour objectif de couvrir par ce biais l'ensemble du territoire d'ici la fin de l'année. Ce sera une solution de transition, avant que la 5G n'offre une technologie adaptée aux objets connectés, avec peu de bande passante et des coûts très bas.

L'IPv6 est la sixième version du protocole internet qui permet le transport des données. Nos réseaux, en France, sont compatibles avec les versions IPv4 et IPv6 ; le terminal choisit le protocole. Toutes nos nouvelles box sont en version IPv6. La migration se fera progressivement, en fonction de l'adaptation du parc de terminaux à la nouvelle norme, et elle est déjà en cours.

Les zones grises étant des zones couvertes par un seul opérateur, c'est surtout à mes confrères que vous devriez poser des questions. Orange est présent dans plus de 90 % des zones grises : les problèmes rencontrés tiennent donc soit à ce que couverture par Orange n'est pas assez bonne, soit, surtout, à ce que les autres opérateurs n'y sont pas présents du tout.

Nous consacrons une partie de notre plan d'investissement à l'amélioration de la couverture en téléphonie mobile des axes de transport ferroviaires et autoroutiers. Vous aurez ainsi constaté que, depuis plusieurs mois, la couverture en 4G est spectaculairement améliorée sur la ligne TGV Paris-Lyon. Pour obtenir ce résultat, nous avons déployé plus de 200 sites sur la ligne. Nous procéderons de la même manière sur les grands axes ferroviaires Est, Ouest et Sud dans les mois qui viennent, et sur les dix principales autoroutes françaises. Cela demande aussi des moyens importants, et nous le faisons seuls.

Le WiFi dans les trains…c'est une histoire qui traîne. L'organisation en est plus compliquée sur le plan économique que sur le plan technique. Qui payera ? Si ce n'est pas le consommateur et que l'accès au WiFi est gratuit dans les trains, qui prendra à sa charge le coût que la SNCF ne veut pas payer ? Nous avons décidé de résoudre le problème autrement, en installant des antennes 4G sur les grands axes ferroviaires ; ainsi, les clients Orange peuvent utiliser leurs équipements sans problèmes, même en l'absence de WiFi. J'ai l'expérience, sur le Thalys, d'un WiFi de qualité calamiteuse ; une bonne connexion par la 4G est bien plus confortable.

Dans les zones frontalières, beaucoup de dysfonctionnements sont nés de l'itinérance internationale – le roaming – les tarifs différant selon les réseaux, singulièrement entre la France et la Belgique. Mais, comme vous le savez, le roaming est voué à l'extinction et ces différences tarifaires vont très bientôt disparaître. Les utilisateurs en rendent grâce à l'Union européenne mais, pour ce qui nous concerne, nous sommes ainsi privés d'une source de revenus, sans compensation ; c'est une autre contrainte qu'il nous faut absorber. La situation des frontaliers devrait donc s'améliorer, et nous avons défini des offres qui leur sont spécifiquement destinées.

C'est à Free qu'il faut demander s'ils seront prêts au moment où doit avoir lieu la fin de l'itinérance. De même, je ne saurais vous dire si la guerre des prix est finie. Il faudrait interroger les autres opérateurs, car Orange n'est pas le plus vindicatif dans cette guerre. Elle prend diverses formes, dont celle des promotions, si bien que quelques millions de personnes, faisant la chasse à ces promotions, changent d'opérateur en permanence. Mais, paradoxalement, l'essentiel des utilisateurs jugent bénéficier d'un service qui n'est pas si mauvais et sont fidèles à leur opérateur, comme le montre le taux de résiliation, pratiquement le plus bas de notre histoire. Une chose est certaine : ce n'est pas nous qui alimenteront la guerre des prix, car nous misons sur l'investissement et la qualité de service.

En nous lançant dans la banque, nous faisons le pari d'une diversification dans un service qui a une vocation socialement utile. Plusieurs atouts peuvent nous permettre de réussir dans ce domaine : les gens se tournent toujours plus vers les banques en ligne ; notre marque a un fort capital de confiance ; nous avons une bonne maîtrise du terminal numérique, le smartphone, et une proximité physique avec nos clients grâce à nos points de vente. Les conditions économiques nous permettent de faire une offre disruptive en matière tarifaire et de transparence, et donc utile. Nous la lancerons en 2017.

La position d'Orange sur son marché dépend des critères retenus pour en juger. Le classement de l'association GSM, qui représente 800 opérateurs de téléphonie mobile dans le monde, nous place au septième rang mondial, derrière les mastodontes chinois et américains, qui n'ont d'activité que dans leur propre pays. Nous sommes un opérateur qui compte à l'échelle mondiale. Orange est classée première marque française en termes de notoriété, de puissance et de valeur, et sixième marque du secteur des télécommunications dans le monde, derrière les marques chinoises, inconnues hors de Chine. L'impact de cette situation, pour les consommateurs français, est qu'Orange, avec ses 250 millions de clients, a une capacité de négociation plus forte avec ses fournisseurs de terminaux et d'équipements de réseau. L'entreprise peut aussi avoir des partenariats d'itinérance internationale avec tous les autres opérateurs du monde. L'avantage est aussi que les clients Orange savent pouvoir trouver à peu de distance une boutique Orange à peu près n'importe où en Afrique et dans de nombreux pays européens. Je signale que nous avons installé la marque Orange en Égypte il y a peu et en Belgique il y a quelques semaines.

Nous prenons très au sérieux la question des nuisances éventuelles résultant des ondes électromagnétiques, mais nous ne sommes pas les mieux placés pour prendre position. Comme il ne nous revient pas de déterminer si elles posent un problème massif de santé publique, nous nous référons aux avis des autorités de santé, en France et ailleurs dans le monde, et nous constatons que jamais un effet toxique avéré n'a été mis en évidence. Cela n'empêche pas que des individus soient électro-sensibles, et cela n'empêche pas que nous formulions des recommandations sur les usages de la téléphonie ; nous déconseillons en particulier l'usage intensif du téléphone mobile par les très jeunes enfants.

Orange a un plan de déploiement de la fibre à La Réunion. Je me suis rendu dans l'île pour signer des conventions à cet effet il y a quelques mois. Ce déploiement n'est pas sans connaître quelques difficultés pratiques ; les autorisations de voirie, notamment, sont un peu longues à obtenir. En métropole, des conventions de co-investissement ont été passées entre opérateurs sous l'égide de l'ARCEP, mais ce n'est effectivement pas le cas à La Réunion. Nous avons signé des accords bilatéraux avec d'autres opérateurs en certains lieux ; il y a donc des zones dans lesquelles les travaux s'effectuent de manière suffisamment coordonnée pour éviter des réseaux redondants, mais nous n'y avons pas réussi partout. Je ne désespère pas de parvenir à une meilleure optimisation avec Zeop car, comme vous, je pense stupide le déploiement de deux réseaux en parallèle. Mais nous avons déjà conclu des accords de co-investissement pour des secteurs importants ; les choses progressent.

La télémédecine est une des applications numériques les plus prometteuses qui soient. Elle peut contribuer à résoudre plusieurs problèmes graves : la baisse de la démographie médicale dans de nombreux départements, le suivi des malades chroniques, le maintien à domicile des personnes âgées… Nous avons investi en précurseur dans ce secteur, il y a dix ans, et constitué une équipe spécialisée ; nous avions mis l'accent sur l'hôpital connecté. Il y a six mois, j'ai décidé la création d'Orange Healthcare, qui regroupe nos activités dans ce domaine. Nous travaillons en partenariat avec des professionnels de santé, les autorités publiques de santé, les hôpitaux et aussi des laboratoires pharmaceutiques, Sanofi par exemple. Ainsi avons-nous équipé tous les logements d'un nouveau quartier de Marseille d'écrans dotés d'un système de téléconsultation. Pour ce qui est du suivi des pathologies chroniques, l'avenir semble s'articuler autour des objets connectés. Ces équipements supposent bien sûr des réseaux ; télédiagnostic et transfert d'imagerie médicale sont des applications importantes du très haut débit et de la fibre optique. Dans ce domaine extrêmement prometteur, les innovations se multiplient ; Google a d'ailleurs créé une impressionnante unité spécifique, Verily Life Sciences. Nous avons notre place sur ce marché et nous avançons, assez lentement cependant, parce que c'est un secteur compliqué, d'autant qu'un très haut niveau de sécurité est nécessaire pour assurer le respect de la confidentialité des données médicales personnelles.

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