Le 3 juin, la France a accueilli cette première réunion ministérielle afin de relancer le processus de paix, alors que tout est aujourd'hui bloqué. La dernière rencontre a été celle d'Annapolis il y a neuf ans, mais depuis, rien ne s'est passé à l'exception de la tentative sincère de John Kerry qui n'a pas abouti. Alors que la situation sur le terrain se dégrade, et même si le premier ministre israélien dit vouloir une négociation directe, rien ne se passe. On a en mémoire les attaques au couteau et plus récemment l'attentat à Tel Aviv. Face à ces violences la solidarité avec Israël est spontanée, mais les mesures prises en réaction à cet attentat, même si elles ont été levées depuis lors, n'ont pas arrangé la situation.
Nous assistons aussi à la montée de la propagande de Daech dans la région. C'est une propagande haineuse qui se diffuse également dans les camps palestiniens. Les divisions inter palestiniennes ne facilitent pas non plus les choses.
Il nous a donc paru nécessaire de prendre l'initiative. Il y a eu beaucoup d'échanges avec John Kerry car les Etats-Unis demeurent un partenaire essentiel, mais aussi avec les membres permanents du Conseil de Sécurité, les Européens, notamment la Haute Représentante, les membres du Quartet et bien sûr les pays arabes. Je me suis notamment rendu au Caire afin de rencontrer les représentants de la Ligue arabe. Ces démarches ont donné lieu à un débat au Conseil Affaires étrangères, entre Européens, qui ont approuvé l'approche, même si chacun en mesure la difficulté. L'Allemagne, dont on connaît la sensibilité sur ces questions, a été très positive. Je me suis rendu sur place pour discuter avec le Président Abbas et le Premier ministre Benjamin Netanyahu de cette initiative ; le Premier ministre, pour sa part, s'est rendu en Israël et en Palestine, pour un déplacement prévu de longue date et dédié aux relations bilatérales, mais a naturellement évoqué également ce dossier.
Le 3 juin, 28 pays sont venus à Paris à l'invitation de la France, parmi lesquels les pays cités précédemment, mais également le Japon et le Canada, dont le nouveau gouvernement souhaite jouer un plus grand rôle sur la scène internationale. Étaient également présents le Secrétaire général des Nations unies, la Secrétaire général de la Ligue arabe et la Haute Représentante de l'Union européenne.
Cette première étape, qui n'était pas facile, a cependant réussi et s'est traduite par un communiqué qui constate la situation sur le terrain, évoque la colonisation et fait référence aux résolutions de l'ONU, ainsi qu'aux travaux du Quartet et à l'initiative arabe de paix qui a été souvent évoquée le 3 juin.
Deux messages se dégagent de cette réunion :
- La solution à deux Etats s'éloigne, mais elle a été réaffirmée solennellement par tous les participants ;
- Il faut recréer les conditions pour qu'Israéliens et Palestiniens se parlent et négocient directement car c'est à eux seuls qu'il appartient de trouver un accord.
La mobilisation du Secrétaire d'Etat américain est notable et se traduit par des navettes continues. Le rapport du Quartet devrait sortir prochainement, il sera critique pour tout le monde et sévère sur la colonisation. Les pays arabes, notamment l'Arabie saoudite, ont été très actifset joué un rôle constructif pour parvenir à un communiqué commun.
Maintenant, nous allons poursuivre les travaux de façon souple. Nous n'avons pas créé de groupe pilote. Il y a déjà les enceintes existantes comme le Quartet ; nous allons discuter de l'articulation de cette initiative avec son action, mais toute autre initiative est la bienvenue, qu'elle vienne d'Egypte ou des Etats-Unis, éventuellement après l'élection présidentielle. La France ne recherche pas le monopole, mais joue un rôle de facilitateur.
Mon envoyé spécial Pierre Vimont a fait un travail remarquable et le poursuivra. Il ira prochainement en Egypte, en Israël et dans les Territoires palestiniens. J'ai moi-même rendu compte de la conférence au Président de l'Autorité palestinienne et au Premier ministre israélien.
Notre objectif reste d'avancer en direction de la prochaine étape qui consistera en une nouvelle conférence, si possible avant la fin de l'année 2016, en présence des parties.
Des groupes de travail se mettront en place, coordonnés par la France et animés par des pays volontaires, sur le renforcement des institutions palestiniennes, sur l'économie et la société civile, sur la désescalade et la sécurité. L'objectif est d'aboutir à un paquet global d'incitations et de garanties à présenter aux Israéliens et Palestiniens.