Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 14 juin 2016 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Je ne reviens pas sur cette initiative lancée par Laurent Fabius. J'avais exprimé, à l'époque, mes plus vives réserves sur la date-butoir pour la reconnaissance de l'Etat de Palestine et sur le vote d'une résolution. Je voyais mal où cela pouvait nous conduire et je ne suis pas très surpris que cette réunion parisienne, pleine de bonne volonté, n'aboutisse pas à grand-chose. Disons que vous avez dû gérer l'héritage.

Au Liban, la guerre par procuration entre Saoudiens et Iraniens empêche tout déblocage de la situation politique. Le pays n'a donc ni Président ni Parlement depuis deux ans, avec une situation économique qui se dégrade et 1,5 million de réfugiés. Qu'attendent la France et sa diplomatie pour tenter une médiation ? Il faut trouver une solution entre Téhéran et Riyad pour obtenir la désignation d'un Président et seule la France peut le faire. Je vous invite, Monsieur le ministre, à faire quelque chose qui pourrait réussir, cette fois, à condition d'y mettre les moyens. Nous avons de très bonnes relations, peut-être trop bonnes, avec un des protagonistes. Avec l'Iran, il reste du travail à faire, mais il me semble qu'on pourrait peut-être y arriver.

Je suis récemment allé avec François Fillon au Kurdistan irakien, qui compte 1,8 million de réfugiés, dont beaucoup de chrétiens. Les Kurdes sont les seuls à se battre sur le terrain face à Daech et à ne pas recevoir un centime d'aide, à la différence de la Jordanie, de la Turquie et de toutes sortes de gens. Comme le robinet financier a été fermé par Bagdad et que le prix du pétrole a baissé, la situation est très compliquée à gérer. La France pourrait mettre son poids dans la balance pour essayer de débloquer des aides du côté du FMI. Là aussi, j'aurais aimé que la France soit plus visible et plus à l'initiative.

Autre sujet, Mme Merkel a signé un marchandage de bazar avec le président Erdogan. Tout cela montre d'ailleurs, en creux, que les Turcs tiennent parfaitement leur frontière quand ils en ont envie, et pas du tout quand ils ne le veulent pas. La contrepartie est que l'Europe doit lever l'obligation de visa fin juin. Nous sommes le 14 et j'ai entendu ce que disent les responsables français, au plus haut niveau, sur le respect des 72 critères, et ce que dit aussi le président Erdogan. Par conséquent, que va-t-on faire fin juin ? Quelle est la position de la France ?

J'en viens à la question des sanctions à l'égard de la Russie, qui se posera aussi à la fin du mois. Notre groupe a voté une résolution, avec d'autres députés, invitant le Gouvernement à envisager la levée de ces sanctions. Je ne suis pas pour que ce soit immédiat et inconditionnel, mais on voit bien qu'un calendrier est nécessaire pour sortir du blocage de Minsk. Il faut simultanément une loi votée par la Rada ukrainienne, qu'elle n'a aucun intérêt à adopter puisque les sanctions sont appliquées, une sortie des Russes et un renforcement de l'OSCE. Là aussi, quid d'une initiative française ?

Voilà quatre domaines où la diplomatie française pourrait jouer un rôle sans doute plus efficace que lors de la récente réunion de Paris, et où nous sommes attendus.

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