Je comprends bien que vous vouliez faire bouger les lignes et je ne peux qu'approuver la démarche. Mais, pardon d'être un peu brutal, on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. Il est clair qu'il y a deux blocages dans ce conflit qui empoisonne le Proche-Orient et donne des prétextes aux uns et aux autres. Vous nous dites qu'il faut recréer les conditions de la négociation entre les deux parties. C'est une formule magique ou, comme l'aurait dit l'un de vos prédécesseurs, Hubert Védrine, un mot valise. Je pense que l'on n'y arrivera pas tant que les deux parties ne seront pas parvenues au paroxysme de l'affrontement et de l'impasse. Il y a, de part et d'autre, une accumulation de haine féroce et je ne vois pas comment on peut en sortir de l'extérieur. Cela ne viendra que des deux parties en cause, lorsqu'il y aura une crise psychologique conduisant à la prise de conscience de la situation d'impasse totale dans laquelle on se trouve et de la nécessité de changer de braquet. Toute cette affaire me paraît donc complètement illusoire.
Comme Pierre Lellouche, je souhaite que nous sortions de notre propre impasse, complète et ubuesque, à l'égard de la Russie. Ce n'est pas à vous que je vais expliquer que la Russie est notre alliée en matière de coopération contre le terrorisme. Il faut savoir sérier les problèmes. Il faut dire à nos chers amis ultra-européens, de Pologne, de Lettonie et d'autres pays qu'on peut certes les comprendre mais qu'il faut changer de politique. Il faut également dire aux Américains qu'ils doivent cesser de regarder Poutine comme s'il s'agissait d'un nouveau Staline. Il y a un moment où il va falloir taper du poing sur la table, Monsieur le Ministre, et fortement.