Intervention de Kader Arif

Réunion du 14 juin 2016 à 17h15
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKader Arif :

Monsieur le Premier ministre, sur la question israélo-palestinienne beaucoup de choses ont été dites. Je vais essayer de faire attention car on me prêterait beaucoup de subjectivité sur cette question. Je me félicite de l'initiative que vous avez prise car, ayant toujours considéré que la relation bilatérale est une relation du fort au faible, je pense qu'une relation multilatérale telle que vous l'avez engagée permettra au plus petit pays ou à des pays moins puissants de faire entendre leurs voix. Le bilatéral a toujours servi le gouvernement israélien, alors que le multilatéral peut amener à une vision plus juste et équilibrée sur l'avenir de cette partie du monde.

Je repose la question qui a été posée par plusieurs de mes collègues : sentez-vous vraiment une volonté de paix ? Quand on voit comme la colonisation s'est développée ces derniers mois et ces dernières années, il semble que l'idée de deux États, si l'un des États est une espèce de Bantoustan, sera compliquée à faire accepter.

Deuxième élément de réflexion : pour travailler sur Daech depuis quelques mois, je crois qu'il faut faire très attention - je crois que vous l'avez à l'esprit - à ce que Daech, ou les métastases de Daech, ne puissent devenir à court, moyen ou long terme les héros hérauts (dans les deux sens du terme) du conflit israélo-palestinien. Cela serait dramatique par rapport à ce que nous connaissons dans des pays comme le nôtre, et en particulier dans un pays comme le nôtre. C'est pour moi une question que nous devons avoir à l'esprit constamment.

J'ai toujours, très sincèrement, beaucoup de tendresse pour ce que dit Meyer Habib, mais il faut faire attention lorsque l'on avance que la question israélo-palestinienne, et son règlement, n'est pas primordiale. Cela reviendrait à dire - j'assume la subjectivité de ce que j'avance - que ce serait le monde arabe dans son ensemble qu'il faudrait remettre en question, ce qui pourrait conduire à amplifier un sentiment qui n'est pas bon à l'égard de nos concitoyens et qu'il faut à mon avis éviter d'amplifier.

Sur la question turque, le manque de courage et de générosité de l'Union européenne en ce qui concerne les migrants (syriens en particulier) nous a conduits à donner à la Turquie une capacité à jouer qui est dangereuse. Deux millions six-cent mille migrants sur le sol turc laissent à un gouvernement, qui aujourd'hui glisse au-delà l'autoritarisme qui est le sien sur des positions incompréhensibles, ou en tous cas pas démocratiques, la possibilité de renvoyer les deux millions six-cent mille migrants que l'Europe n'a pas été capable d'accueillir. C'est une question qu'il faut avoir à l'esprit. Je voudrais savoir quel est votre sentiment là-dessus, ainsi que sur notre relation avec la Turquie, qui est aujourd'hui par ailleurs fâchée avec la plupart de ses voisins.

Dernière question : on parle beaucoup de la Méditerranée, qui est chère au coeur de beaucoup d'entre nous. Je sens quand même des tensions avec beaucoup de pays méditerranéens. La déclaration du roi du Maroc, il y a quelques semaines, n'était pas vraiment agréable à entendre de ce côté-ci de la Méditerranée. J'aimerais savoir comment vous voyez l'évolution de nos relations avec les pays méditerranéens qui sont pour nous des acteurs et des amis.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion