Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 14 juin 2016 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Nous vous remercions, madame la ministre, pour votre présence parmi nous, qui trouve tout son sens en ce trentième anniversaire du bac pro.

Votre engagement pour une école inclusive, dans le respect de la laïcité et des valeurs républicaines qu'il véhicule, est salutaire et vous honore. Vous avez su vous battre afin de dégager plus de moyens, vous attelant ainsi à ce qui vous tient à coeur : un enseignement qui offre à tous la chance de réussir dans un souci d'équité.

Cette semaine, près de 700 000 élèves présenteront le baccalauréat, ce qui constitue une réussite pour un gouvernement voulant démocratiser le savoir et la réussite scolaire. Parmi les candidats, 30 % présentent le baccalauréat professionnel ; depuis la suppression du BEP dans sa forme initiale, les effectifs n'ont pas cessé d'augmenter, ce qui constitue un sujet de satisfaction. C'est en effet cette filière qui permettra d'atteindre le taux de plus de 80 % de réussite à l'examen, ce dont vous avez fait votre priorité. Vous vous êtes par ailleurs engagée à créer 2 000 places supplémentaires par an en BTS, faisant ainsi la preuve de votre détermination à agir à tous les stades de la formation.

L'enseignement professionnel est en effet très important : outre la formation « classique », la formation en alternance est riche de beaucoup de spécialités ; de son côté, l'apprentissage prépare à de nombreux nobles métiers. Faire évoluer ces filières constitue un défi ainsi qu'une avancée vers la réussite à laquelle je souscris pleinement.

Toutefois, le Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO) rappelle dans son dernier rapport que 57 % des titulaires de CAP et 46 % des bacheliers professionnels n'ont pas trouvé d'emploi dans les sept mois suivant l'obtention de leur diplôme : c'est encore trop ! L'enseignement professionnel a pour objet l'insertion rapide de ses diplômés sur le marché du travail, et l'on ne peut que souhaiter que le mouvement s'accentue.

Paradoxalement, nous assistons à un recul de l'apprentissage au sein du cursus scolaire : les entreprises évoquent la crise qui ne leur permettrait plus d'embaucher, et encore moins de prendre le temps de former les jeunes. Comme le Gouvernement, nous n'ignorons pas le rôle éminent de l'accompagnement ; je pense particulièrement au contrat de génération.

Madame la ministre, quelles mesures comptez-vous prendre en faveur de l'apprentissage, qui constitue l'un des terreaux de la réussite de la filière professionnelle ? Cette réussite est le ciment de la mixité sociale, elle permet à tous les jeunes de s'épanouir et de s'émanciper à travers le savoir et le travail. C'est pourquoi développer le goût du travail constitue une absolue priorité.

Cependant, l'enseignement professionnel peine à se soustraire aux regards condescendants ou pire, à sa mauvaise réputation, et comme s'il fallait prouver qu'il serait réservé à certains, ses rangs comptent malheureusement une majorité de jeunes issus des milieux les moins favorisés. Pourquoi ce secteur serait-il ainsi « réservé » ? En tout état de cause, il se prête toujours aussi peu à l'ouverture et la diversité.

Au cours des auditions que nous avons pratiquées dans le cadre de l'examen du projet de loi « Égalité et citoyenneté », la mobilité internationale des jeunes a été évoquée, et elle est bienvenue ; elle ne doit toutefois pas nous laisser négliger la mobilité entre les filières au coeur de nos territoires. Davantage de jeunes devraient pouvoir y prétendre. Vous avez évoqué les pôles d'excellence de l'enseignement supérieur : des dispositifs équivalents ne pourraient-ils pas être créés à tous les stades de l'enseignement professionnel ?

Quels moyens, quelle communication faudrait-il mettre en oeuvre pour convaincre encore les réservés et les indécis de l'intérêt d'une formation professionnelle ? Vous avez annoncé 500 nouvelles formations à la rentrée 2017 : voilà qui ouvre des perspectives !

Les classes de troisième dites « préparatoires à l'enseignement professionnel », rappellent ce qui existait il y a quelques décennies et qui n'a pas toujours été gage de réussite : ne considérez-vous pas qu'une certaine concentration des difficultés peut constituer un frein à la réussite des jeunes engagés dans cette voie ?

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