Intervention de Isabelle Attard

Réunion du 14 juin 2016 à 17h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Attard :

Ce ne sont pas moins de 38 % des lycéens qui sont inscrits dans la filière professionnelle. Notre collègue Frédéric Reiss a rappelé à juste titre les conclusions du rapport du CNESCO publié il y a quelques jours : cet enseignement reste trop peu adapté à la formation aux métiers d'aujourd'hui et, plus encore, de demain. Il y a une centaine d'intitulés différents de diplômes, dont l'adaptation ou la révision est faite tous les cinq ans. Pensez-vous que ce soit la bonne périodicité ?

Le CNESCO soulignait également le manque d'enseignants dans la filière professionnelle. Un poste sur quatre n'y est pas pourvu, tandis qu'un sur dix – soit trois fois plus que dans la filière générale – est occupé par un enseignant recruté par contrat. Il est imposé, pour enseigner, d'avoir un niveau master, alors que ce niveau de qualification n'existe pas pour certaines filières. Il me semble que l'on se prive ainsi de professionnels capables d'enseigner. Ne conviendrait-il pas de changer cette règle ?

Présidant le groupe d'amitié France-Suède, je suis favorable, comme le CNESCO, à la multiplication des lycées polyvalents regroupant, comme dans les pays scandinaves, des élèves des différentes filières. Au minimum, certains cours devraient être mutualisés.

Enfin, 35 % des bacheliers professionnels souhaitent poursuivre dans l'enseignement supérieur, mais seuls 59 % de ceux qui sont inscrits en BTS décrochent leur diplôme, et 3 % de ceux qui sont inscrits à l'université... Je crois que, dans ces conditions, il est vraiment exagéré de parler de passerelle. Dans Libération, un journaliste s'interrogeait récemment : « Pourquoi laisser ces jeunes s'engouffrer dans ces filières si elles n'offrent pas de débouchés ? » Cela ne fait qu'ajouter une couche de mésestime à des étudiants qui n'ont déjà guère confiance en eux et qui sont stigmatisés par notre société.

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