Une norme peut être respectée sans pour autant apporter du bien-être aux animaux. Par exemple, une exploitation de mille vaches peut utiliser des tapis d'une épaisseur parfaitement conforme.
Dans les abattoirs, ce qui m'a frappé, ce sont les énormes quantités d'eau utilisées. Cette débauche d'eau me paraît aller à l'encontre du respect de l'environnement ; et pourtant aucune norme ne vient régler l'usage de l'eau.
Qui plus est, entre ce que disent les normes et la réalité du travail… Les conditions de travail des employés ont un impact évident sur les conditions sanitaires. La fatigue peut avoir une répercussion directe sur le respect des normes. Il n'y a pas un flic derrière chaque employé. Toute personne s'étant rendue dans un abattoir industriel sait le décalage entre ce qui est prescrit et ce que les gens font réellement.
Cela étant, le niveau d'exigence pour les abattoirs mobiles ne peut être du même ordre que pour les abattoirs industriels : on n'est pas dans le même monde. Il faut adapter les exigences au contexte.
Quant au coût de la viande, il faut bien voir qu'il est minoré dans le système industriel : il est pris en charge par la communauté. A priori, un poulet industriel a un prix très bas, mais est-ce vraiment de la viande ? Tué à quarante jours, il est avant tout constitué d'eau et de résidus de produits médicamenteux. Si l'on fait le calcul à partir des seules matières sèches, une viande issue d'un élevage comme celui de Stéphane Dinard est proportionnellement moins chère. À cela s'ajoutent le coût environnemental de l'exploitation industrielle avec la pollution des eaux et les dommages sur la santé des travailleurs.
Enfin, je considère que les abattoirs relèvent du service public : il faudrait viser l'équilibre plutôt que la rentabilité. C'est d'ailleurs un des plus gros problèmes des abattoirs de proximité : comment peut-on leur imposer une exigence de rentabilité alors qu'il s'agit d'un service rendu aux petits élevages ?